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RIDLEY :
LES CHRONIQUES D'UNE OMBRE

Chapitre 8 Enigme

   La colline Est surplombait un lac artificiel à la limite de C1Z14. Quelques arbres la clairsemaient, les branches faiblement agités par un vent paisible de fin de journée. La lueur du jour s’éteignait peu à peu alors que les premiers réverbères holographiques de l’agglomération s’activaient. Une colonne de fumée noire venait compléter ce tableau.
   Je posai le pied à terre et laissai Ada descendre, puis nous nous dirigeâmes vers le site présumé du crash. Lorsque nous aperçûmes la masse mécanique, Ada lança un scan : il n’y avait aucune trace de vie. La voie était libre.
   L’appareil semblait irréparable. Le cockpit était défoncé et il brûlait, une aile s’était totalement détachée du corps principal et la chambre d’armement avait explosé, arrachant au passage la queue de la navette. Je m’approchai et pris une inspiration. Il s’agissait à présent de fouiller l’épave et d’en extraire d’éventuelles preuves avant que la Police ne rapplique. Pourquoi ? Parce que je n’avais aucune envie de rester les bras croisés à attendre les ordres. Ou peut-être pour faire chier Irons, j’en sais rien.
   Comme j’avais appris à le faire, je passai la zone sous différents scans et comparai leurs résultats. Pas de cadavres, pas d’empreintes organiques, pas de signaux identitaires : soit le véhicule était radioguidé, soit les pilotes s’étaient éjectés avant l’atterrissage. Je fis reculer Ada, puis contournai ce tas de ferraille. Il me fallait maintenant procéder à une fouille et sauver ce qui pouvait encore l’être. Je caressai doucement l’appareil accroché à mon avant-bras gauche et en réponse, une vague de lumière verte me parcouru brièvement le corps : mon bouclier thermique était maintenant activé. Je plantai mes griffes dans la carlingue de l’engin, puis l’ouvris de force et pénétrai à l’intérieur. Pendant que les flammes léchaient mon bouclier, je lançai un nouveau scan, qui m’amena vers un compartiment dont je n’avais jusque là pas décelé l’existence, et qui précédait le cockpit. Un Terminal couvrait la paroi droite de la capsule mais ne semblait pas avoir été endommagé. D’une main un peu maladroite, je soulevai la pièce protectrice du Terminal et en retirai la boite noire, que je rangeai vite dans ma sacoche ignifugée avec un soupir de soulagement. Je tournai la tête et m’apprêtai à sortir de cette fournaise. Mon regard se posa à ce moment sur le mur que j’avais longé, et je remarquai une imperfection sur la surface lisse : je me concentrai une seconde dessus et compris que ce n’était pas un défaut de fabrication mais une série d’entailles à même le métal, sûrement réalisées à l’aide d’un outil tranchant. Une série de chiffres était marquée. Je ne pris pas le temps de les lire, car l’autonomie de mon bouclier thermique arrivait à son terme ; je pris une Holocapture du nombre inscrit, et je sorti de l’épave. Ada et moi quittâmes les lieux immédiatement, alors que le premier véhicule Policier se pointait. J’eu un petit rire satisfait en imaginant la tête des enquêteurs lorsqu’ils reviendraient bredouilles.

   « Alors Ada, ça avance, ce décryptage ?
   - Ouais, une seconde Ridley ! Tu sais, les défenses sont plutôt complexes pour une boite noire de ce type ! »
   Nous étions revenus au commissariat depuis deux heures, et Londo nous avait prêté un Terminal sécurisé à la demande de Léon. Tous les trois nous nous étions mis à examiner les preuves : Ada s’occupait de fouiller la Mémoire que j’avais retrouvé sur l’appareil, Léon parcourait les données que la Police avait récoltées auprès de témoins, et moi, j’étudiais l’Holocapture de la mystérieuse série de chiffres. 000000 000000 03_200 000089. Ce n’était pas une suite mathématique, ni un code pour pirater la boite noire, encore moins une quelconque immatriculation civile. Quatre lignes de six chiffres. Un chiffre manquant sur la troisième ligne. Une écriture tremblante mais ferme, comme si la personne connaissait cette suite par cœur. Je consultai les documents de Léon puis comparai l’écriture trouvée sur le mur à celle de Sheryl ; les deux calligraphies se ressemblaient beaucoup… Les analyses d’érosion de la coque suggéraient que le message avait été gravé dans les 48 heures. Je plissai les yeux. Sheryl avait-elle pu se trouver dans ce même vaisseau et graver ce code pour laisser un indice ? Cette théorie semblait un peu tirée par les cheveux, mais une petite voix dans ma tête continuait de me susurrer que les tueurs qui avaient visé Irons étaient mêlés à l’enlèvement. Ce n’était pas de l’instinct, mais plutôt l’impression… Non, la certitude que nous étions passés à côté d’un élément capital qui lierait les deux affaires… Mais bordel, c’était pas moi le flic, Léon était plus apte que moi à trouver ce qui clochait !
   Ada nous appela. Léon et moi nous approchâmes. Elle avait réussi à entrer dans la boite noire. Une demi-douzaine de dossiers s’ouvrit en même temps, n’attendant que nous pour les parcourir. Après une courte manipulation, Ada nous déclara :
   « Cette navette était un modèle banal de transport policier. Cependant, on dirait qu’il sortait juste de l’usine et que personne ne l’a déclaré, du coup il n’a aucune immatriculation numérique. Il a l’air obsolète. Mais comment ces types ont-ils pu avoir accès à des stocks fédéraux ? 
   - C’est tout ce que tu as, interrogea le jeune agent ?
   - Non, répondit-elle, j’ai aussi trouvé quelques archives de communications, mais elles semblent sécurisées ou brouillées. Il nous faudra un petit moment pour décoder ça mais une fois qu’on y sera arrivés, on pourra sans doute retracer les émissions et les réceptions de leurs messages…
   - Et ces fichiers, demandai-je, c’est quoi ? On dirait des données géographiques.
   - Ce sont des données géographiques. »
   Elle se tourna vers nous, une étincelle victorieuse illuminant ses yeux bridés.
   « L’historique exact des itinéraires empruntés par le véhicule. »
   Je retins mon souffle.
   « Tu penses à la même chose que moi, me demanda Léon ?
   - Ouaip. Ada, tu peux vérifier si ce vaisseau est passé par un endroit précis ?
   - Je viens de lancer la recherche. [un temps] Voilà. »
   Léon et moi nous regardâmes avec la même expression et nous sourîmes en même temps. Les tueurs s’étaient rendus devant le Centre Commercial de l’avenue Yokoi la veille, à 18h43. Le lieu et l’heure exacts de la disparition de Sheryl. Je pressai Ada de suivre leurs déplacements, ce qu’elle fit. Si on s’y prenait comme il fallait, on aurait peut-être une chance de découvrir où ils avaient séquestré la gamine.
   « Alors, demandais-je après un moment ?
   - Ils ne s’arrêtent à aucun endroit de suspect ou de désert. Le seul arrêt remarquable a été effectué sur un astroport à la périphérie de la ville de R4C00N. Je pense qu’ils ont fait un transfert.
   - Pardon ?
   - C’est simple, dit Ada. Pour éviter d’être tracés, ils arrangent un point de rendez-vous avec des complices, et leur remettent la fille. Ils se la relaient si tu préfères. Je pense que le deuxième véhicule a lui aussi effectué un transfert sur un troisième groupe. 
   - Tu veux dire qu’on a perdu la trace de Sheryl, fit Léon d’un air dépité ?
   - Hum… Oui, on dirait, répondit la jeune femme. »
   Les choses se compliquaient.
   Nous fûmes interrompus par deux agents qui entrèrent dans la salle : un tour de battement allait être effectué et nous devions laisser la place aux agents de remplacement. Ada récupéra discrètement la Mémoire, et nous sortîmes. En passant par la salle de garde, Léon fut pris à part par un supérieur, avec lequel il discuta une minute ou deux. Il revient et nous annonça qu’une cérémonie allait être organisée en l’honneur des victimes de l’attentat, et qu’il se devait d’y assister. Je laissai Ada l’accompagner après avoir pris la boite noire par précautions et je partis en direction de l’hôtel que nous avaient gracieusement réservé les Fédéraux. Je me doutais bien que ma coéquipière préfèrerait rester avec Léon dans la salle de garde pendant son temps de pause, et donc je ne pris pas la peine de lui envoyer les coordonnées. Je déployai mes ailes et pris mon envol dans le ciel étoilé, porté par la chaude brise de Logacia.

   Arrivé dans la chambre qui avait été prévue pour moi, je constatai avec dépit que le lit ne pourrait contenir ma masse. Je pris alors les devants et me couchai par terre sur un matelas improvisé. Tout en repliant mes ailes et en lovant ma queue, je sortis mon Holopad, branchai mon scanneur dessus et observai à nouveau le code que Sheryl avait gravé sur la paroi du vaisseau. 000000 000000 03_200 000089…
   «Gamine, pensais-je… Qu’est-ce que tu as voulu dire ? Pourquoi cette série de chiffres ? Est-ce un code ? Si oui, où l’as-tu appris ? A qui as-tu voulu adresser ce message ? Pourquoi n’as-tu pas utilisé un langage courant ? Avais-tu peur qu’on le découvre ? Etait-ce autre chose ? Aide-moi à te comprendre, gamine… Aide-moi à… »
   Mon corps s’affaissa lentement et un voile passa devant mes yeux. Epuisé par la succession des évènements, je m’abandonnai au sommeil, laissant le flot de mes pensés m’emporter vers des rivages connus de moi seul.

   000000 000000 03_200 000089
   000000 000000 03_200 000089
   000000 000000 03_200 000089
…Un nombre qui se répète…
   000000 000000 03_200 000089 …Comme une récitation…
   000000 000000 03_200 000089
   000000 000000 03_200 000089
…Une comptine apprise par cœur…
   000000 000000 03_200 000089
   000000 000000 03_200 000089
…Apprise par cœur…
   000000 000000 03_200 000089 … Son père…
   000000 000000 03_200 000089 …William Birkin…

    « Monsieur Dragon ? »
   …
   Hein… ?

   Je me réveillai le lendemain vers 5h. Un léger mal de tête me lançait, et persista pendant que j’avalai deux toasts. Un peu groggy, je me dirigeai vers la salle de bain, qui, heureusement, semblait assez large pour moi. J’enlevai tous mes accessoires, me débarrassai des quelques écailles que j’avais perdu pendant la nuit, et entrai dans la douche. Un nuage de vapeur monta rapidement alors que des jets d’eau chaude tournoyaient autour de moi, aspergeant la totalité de mon corps. Je ris bêtement, pensant à la connotation tordue de cette dernière phrase… J’avais définitivement besoin d’un psy…
   Je laissai le séchage automatique faire son travail, en me remémorant mes réflexions nocturnes. Sheryl avait marqué une suite précise de nombres. Il devait s’agir d’un code ou d’une énigme, laissé à l’attention de la personne la plus à même de lui venir en aide, donc envoyée directement par le Président Birkin. Un message à l’attention de son père. Il nous faudrait donc chercher quels langages codés les Birkin pratiquaient afin de pouvoir décrypter les gravures.
   Après mon brin de toilette, je jetai un coup d’œil à mon Holopad, sur lequel s’affichait l’image d’une petite enveloppe close. Je cliquai dessus et lu ce petit mot, de la part de Lalamya, qui me donnait les coordonnées de son agence sur Logacia. Je conservai l’adresse, au cas où.
   Enfin, mon oreille interne vibra : l’appel venait d’Ada, qui me donnait rendez-vous au commissariat. Je me rééquipai puis sorti de l’Hôtel.
   Lorsque j’arrivai dans le hall, mes deux coéquipiers se dirigèrent vers moi. Léon m’adressa la parole :
   « Salut Ridley, je sais que c’est vraiment une plaie pour toi mais…
   - Irons nous envoie en mission, le coupa Ada. 
   - Hooohola, pas tous en même temps s’il vous plaît, fis-je. [je me tournai vers Ada] Que se passe-t-il ? 
   - Les équipes de recherche ont découvert la planque des agresseurs, me dit-elle sombrement. »
   Je restai bouche bée un moment.
   « Heu… Tu peux répéter ?
   - La police a localisé les terroristes qui ont attaqué le commissariat. Irons nous envoie en intervention.
   - Ah, fis-je. D’accord. Un petit ‘LOL’ me semble approprié à la situation, je crois.
   - Un petit quoi, demanda Léon ?
   - T’occupe, répliquai-je. Ada, est-ce que ce gros tas de graisse qui se fait appeler ministre est conscient que nous sommes ici pour enquêter sur l’enlèvement de la fille du Président ? »
   Ada ouvrit la bouche, mais je l’interrompis d’un ton caustique :
   « Ahhh mais non, suis-je bête, ils ont découvert que les tueurs sont liés à Sheryl, j’ai raison ?
   - Hum, hésita le jeune homme… Nedman et ses équipes l’ont réalisé un peu tard, grâce au logiciel dont je t’avais parlé hier matin… »
   J’éclatai d’un rire sarcastique. Ben voyons.

   Lorsque nous nous retrouvâmes en salle de Briefing, Nedman nous exposa la situation : vers 3h30, un indicateur de la banlieue de la ville de R4C00N avait un petit groupe armé se précipiter en catastrophe dans une planque appartenant autrefois à la Mafia Logacienne. Le système de spéculation criminel avait suggéré qu’il s’agissait des agresseurs de la veille. Un groupe d’enquête avait alors été dépêché par la police locale et avait été violemment repoussé. Après une course poursuite, les suspects, lourdement armés, avaient détruit une bonne dizaine de véhicules policiers et s’étaient réfugiés dans un entrepôt désaffecté dans l’ancienne zone industrielle de R4C00N. Depuis, toute tentative d’appréhension avait échoué.
   Les nouveaux équipements n’ayant pour le moment été fournis qu’au commissariat de C1Z14, nous étions évidemment sollicités pour mener un raid et capturer ces types. L’intervention allait se dérouler selon un plan prévu par Irons lui-même ; intérieurement, j’avais pitié de ce type, il devait s’ennuyer terriblement au ministère, pour en être réduit à jouer au shérif. Bref, il serait impossible de vaincre tant que l’adversaire resterait dans sa forteresse, il eût donc fallu les en faire sortir. Nous suivrions une organisation déterminée : deux groupes allaient attaquer séparément au sol, le premier frontalement, et le second sur le flanc gauche. Une ouverture allait alors se présenter à nos ennemis, sur le flanc droit du bâtiment. Ils allaient donc vraisemblablement tenter de s’enfuir par là. C’est à ce moment que l’unité aéroportée, jusque là camouflée, entrerait en action, coupant toute retraite et engageant nos ennemis au corps à corps. Irons comptait sur le fait que leurs forces seraient divisées en trois entités, une sur chaque front assiégé, et une tentant de s’enfuir, probablement le chef de l’opération.
   Nedman répartit les escouades : je fus évidemment assigné au groupe aéroporté, accompagné d’une dizaine d’hommes, dont Léon Kennedy. Ada resterait en retrait, jouant son rôle d’opératrice. Alors que nous quittions tous la salle pour nous préparer à l’intervention, je passais devant Nedman, puis me penchai vers lui, le regardai avec dureté et lui dit assez bas pour que lui seul entende : « 10 000 crédits de plus pour le temps que vous nous avez fait perdre. » Il trembla et bégaya un faible « oui ». Je sortis, satisfait.
   Il me fallait maintenant préparer l’équipement tout neuf de nos amis les gardiens de la paix. J’enfilai le pare-balle cinétique qui avait été conçu pour ma taille, je plaçai une lunette de visée sur mon œil gauche, et récupérai les deux armes qu’on m’avait confiées, un fusil automatique et une arme à énergie lourde. Puis je passai par l’infirmerie, récupérai deux Macrocaps d’énergie, histoire de pouvoir me soigner si nécessaire, et attendit mon tour pour le check-up règlementaire. Lorsque je pénétrai dans la salle, le docteur en chef, une femme à la peau noire et aux cheveux d’un rouge vif, me lança un regard surpris. Lassé, je lui lançai :
   « Bonjour, on a dû vous parler de moi… Ridley. Je suis un patient de type RSGF, clause B de l’article 56 de la réglementation médicale, je connais la chanson. Faites-moi ces tests, qu’on en finisse, s’il vous plaît… »
   Les patients de type RSGF (Rare Specy of Galactic Federation) étaient soumis à un traitement spécial du fait de leur appartenance à une espèce en voie d’extinction ou totalement éteinte. C’était évidemment mon cas. Selon la clause B de l’article 56, les médecins qui effectuaient des modifications médicamenteuses étaient dans l’obligation de recueillir une grande quantité d’échantillons organiques afin de pouvoir éviter tout problème juridique quant à la protection d’un génome rare. Au début, ça m’avait fait bizarre d’être considéré comme un gros sac de gènes collectors, mais au bout d’un moment, je m’y étais habitué. Dans un sens, c’est plutôt flatteur de savoir que votre ADN est précieusement conservé dans des archives Historiques !
   Je me mis donc à quatre pattes, dépliai mes ailes, et laissai la doctoresse prélever ses échantillon. Elle détacha une écaille de ma queue, une écaille de mon aile droite, et fit un prélèvement sur une de mes griffes. Elle récupéra aussi un peu de salive. Puis elle alla chercher une aiguille, la plaça entre mon cou et ma clavicule, et me fit une prise de sang. J’eu un frisson à peine perceptible tandis que le liquide noirâtre emplissait la seringue. Finalement, elle me donna trois flacons et ouvrit la bouche d’un air gêné. Je la coupai :
   « Oui, je sais ce que je dois faire, merci. »
   Elle quitta la pièce, puis revint lorsque j’eus terminé, prit les flacons et alla les entreposer au fond d’un container à basse température. J’allais partir, lorsqu’elle m’interpella : 
   « Heu, Monsieur ?
   - Qu’est-ce qu’il y a cette fois ci, soupirai-je sans me retourner ?
   - Heum, je… Je crois que nous avons encore quelques détails à régler…
   - Je vous écoute, dis-je en revenant sur mes pas ? »
   Elle semblait un peu nerveuse.
   « Monsieur Nedman a dû vous parler des nouveaux équipements, je crois, dit-elle.
   - Oui, et alors ?
   - Hé bien, ce matériel couvre aussi le domaine médical. Nous avons une batterie de vaccins et d’anabolisants que nous sommes chargés d’appliquer aux officiers. Ho trois fois rien, s’exclama-t-elle précipitamment devant mes yeux écarquillés, tout a déjà été testé et la fiabilité de ces médicaments est prouvée à 100% ! Mais il faut que vous vous soumettiez à ces injections. 
   - Quoi, m’écriai-je ?! Vous nous bassinez avec vos nouveaux jouets alors qu’on ne fait même pas partie de la Police, et maintenant vous voulez nous transformer en usines à stéroïdes ? Vous ne vous foutriez pas un peu de ma gueule ? »
   Instinctivement, mes ailes s’étaient écartées d’un coup, heurtant un placard au passage et brisant une vitre. J’avais dû effrayer la jeune femme, car elle eut un mouvement de recul. Je me repris instantanément… J’avais eu tort.
   « Heu… Désolé, Madame… Je n’aurais pas dû me mettre dans cet état. Vous n’y êtes pour rien.
   - Heu… B-Bien… Voulez-vous que j’informe Monsieur Nedman de votre refus ?
   - Non, laissez tomber… Allez-y, injectez moi vos vaccins, mais dites-moi ce que c’est avant, s’il vous plaît, je n’aimerais pas faire une crise d’allergie avant la mission…
   - Heu… D-D’accord… Je vous laisse remplir ce formulaire alors… »
   Elle me tendit un Holopad sur lequel figurait une notice judiciaire. Je cochai les cases, attestai que je renonçais à poursuivre le commissariat en cas de problèmes médicaux incapacitant, et signai en bas. Je rendis l’appareil à la doctoresse, qui le posa. Elle me laissa un instant, et revint avec une dizaine de flacons et une seringue. Elle m’injecta alors chaque liquide, stérilisant la seringue à chaque prise, et me détaillant leurs contenus.
   « Ceci est un nouveau vaccin contre la Gorrophorite. [clic] Et ça, c’est un anabolisant qui renforce légèrement la concentration, vous verrez, pendant 48h, vos réflexes seront accrus. [clic] Bon, ça c’est un vaccin contre le Virus du SDCS.
   - J’ai déjà été immunisé, regardez mon dossier médical.
   - Ah, en effet. Le suivant, c’est…. »
   Finalement, après un quart d’heure, je ressortis de la zone médicale en me jurant de ne plus jamais y remettre les pattes, et ce malgré les formes éminemment généreuses de la doctoresse. Mon bras gauche était légèrement engourdi par les différentes piqûres, et une étrange nausée persistait, je décidai donc de prendre une bonne dose de café pour la faire passer, en attendant le reste de l’équipe. L’officier en charge de l’organisation, un Julothien maigrichon avec de grands yeux de chien battu, me fit comprendre que la navette du groupe aéroporté n’aurait pas assez de place pour que je puisse rentrer : il allait me falloir suivre l’engin en volant ‘de mes propres ailes’. De mieux en mieux.
   Les premières lueurs du jour baignaient le commissariat, et déjà, les agents allaient et venaient, dans un semi-brouhaha qui n’arrangeait pas mon mal de crane. Je décidai donc de sortir. Je prévins l’officier que je suivrais l’astronef dès son décollage, puis sorti dans la cour intérieure. L’endroit portait encore les marques de l’attaque de la veille. Je pris mon élan et m’envolai, le thermos de café dans la main, fis quelques tours autour du bâtiment pour me dégourdir, et me perchai finalement sur le haut d’un bâtiment adjacent au poste, sirotant calmement ma boisson. D’ici, j’avais une vue imprenable sur toute la zone ; je compris pourquoi on parlait de C1Z14 comme la ville typique Logacienne. Le hâle orangé de son ciel recouvrait l’étendue urbaine avec la douceur d’une journée de printemps, absorbé par la teinte jaune ou ocre de la plupart des immeubles. Une rumeur coulait dans les rues circulaires, se distinguant des bourdonnements que produisaient les airmobiles. De temps à autre, l’ombre gigantesque d’une Raheemta caressait la cité. Je sursautai lorsque l’une d’entre elle passa juste au dessus de moi, me faisant entendre son ronronnement à peine perceptible : celle-ci était plus grosse que la moyenne, elle devait faire dix bons mètres d’envergure… Alors que la Rahmeeta s’évanouissait au loin, je me souvins qu’Ada n’en avait jamais vu. Je pris la résolution d’essayer de lui en montrer au moins une avant de quitter Logacia, j’étais sûr qu’elle serait ravie.
   Alors que j’attendais l’appel de mon groupe, mon regard erra sur le commissariat et s’attarda sur une fenêtre en particulier. C’était la fenêtre du bureau de Nedman, dont je reconnus l’intérieur. Je m’apprêtai à partir, lorsqu’une silhouette derrière la vitre attira mon attention : en me concentrant, je compris que c’était le ministre Brian Irons. Il semblait en pleine conversation avec une personne hors de mon champ de vision. J’étais trop loin pour décoder son expression faciale, mais sa gestuelle laissait deviner son agacement. Puis, brusquement, Irons dégaina un appareil que j’identifiai comme un pistolet à injection, l’appliqua sur son propre cou et sembla se raidir une seconde. Puis il se détendit et rangea son injecteur. Il alla s’assoir sur le fauteuil de Nedman, alors que son interlocuteur s’approcha de l’embrasure. Malheureusement, il ferma le rideau d’un même geste, m’empêchant de l’identifier.
   Je restai songeur… Irons se droguait ? Etait-ce un médicament qu’il avait pris ? Et qui était ce type à qui il parlait ?
   …
   Bof, qu’est-ce que j’en avais à foutre en fin de compte… ?
   « Opérateur Friedrich à chasseur Ridley. Me recevez-vous ?
   - Je vous reçois cinq sur cinq, répondis-je.
   - La navette de votre équipe, immatriculée 223, décolle dans une minute. Veuillez suivre la procédure je vous prie.
   - Reçu, fis-je d’un ton las. »

   Je bondis du haut de ma corniche et m’envolai vers le vaisseau qui m’attendait. Celui-ci prit de l’altitude, et se dirigea vers la zone de largage. Je le suivis.
   C’est alors que mon oreille interne vibra.
   « Ada ?
   - Ridley.
   - Pourquoi est-ce que tu m’appelles en canal privé ?
   - Parce que c’est un appel privé, fit ma coéquipière à mi-voix. Léon est dans ton groupe.
   - Oui oui, je sais, la pressai-je. Et alors ? 
   [un temps]
   - S’il te plaît, Ridley, dit Ada d’une voix cassée, fait attention à lui. D’accord ? »
   Sa demande me prit de cours. Elle me demandait de protéger Léon. Je réfléchis à une réponse ironique, et me rendis compte qu’en réalité, je n’avais aucune envie d’être cinglant. Elle me faisait confiance. Léon me faisait confiance.
   Leur avenir reposait sur mes épaules.
   « T’inquiète, Ada. Il ne lui arrivera rien, tu as ma parole. »

   Je coupai la communication pour ne pas entendre ses remerciements.

   Encore aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi, mais j’avais l’impression que si je lui avais laissé le temps de me répondre… Quelque chose se serait brisé…

Keliaran

RIDLEY :
LES CHRONIQUES D'UNE OMBRE
Fin du chapitre 8

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Un remake de Metroid Prime, enfin ! Vous en pensez quoi ?

Je prends direct ! Toute mon enfance en HD !

Je n'étais pas né à l'époque, quelle aubaine de pouvoir enfin le faire !

Très peu pour moi, j'attendais la trilogie d'un coup...

Bof, je l'ai déjà trop fait, je passe...

J'ai tout claqué dans les remakes HD de Crash Bandicoot :(


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