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RIDLEY :
LES CHRONIQUES D'UNE OMBRE

Chapitre 5. Nostalgie...

      Trois ans plus tard…
       Tapis dans les immenses herbes jaunes, je les observai : manifestement, ils ne m’avaient pas aperçu. Je devais à tout prix me tirer de cet endroit avant qu’ils ne me mettent la main dessus… Je me faufilai avec une agilité inattendue parmi les végétaux de la plaine… Bientôt, ils ne pourraient plus me rattraper, et je trouverais enfin le repos… Encore quelques mètres… Soudain, ils se mirent à s’agiter, à tirer dans tous les sens, en poussant des cris inhumains. Ils avaient senti ma présence ! Je me hâtais, toujours à quatre pattes ; c’est à ce moment que je réalisai que mes forces avaient abandonné mes membres : je ne pouvais tout simplement plus les bouger ! Je ne les sentais plus ! Dans un effort désespéré, je jetai un coup d’œil à mes pattes arrière, et étouffai un cri : elles fondaient ! Non, elles s’atrophiaient !! Elles rétrécissaient de plus en plus jusqu’à ce que même les moignons soient rentrés dans mon bassin ! Je tentai de ramper dans une direction quelconque, avant de réaliser que mes bras subissaient le même sort. Bientôt, je me retrouvai sans aucun membre ! Alors que je me tortillai comme un vers, les herbes qui couvraient la plaine disparurent peu à peu, se flétrirent toutes, comme si elles s’étaient donné le mot ; le sol terreux lui aussi fondait, pour laisser place à un marbre froid et sombre. Je risquai un coup d’œil rapide vers eux, et constatai alors que j’étais à présent entouré par une épaisse obscurité.
   Bon sang… ça suffit… Je ne joue plus… Pitié, par tous les systèmes de l’univers, arrêtez ce cirque…
   Une silhouette énorme, dix, quinze fois plus grosse que moi, apparut d’un coup : je tentai de percer la pénombre pour apercevoir qui… Non… Pas toi…
   « Tu es le dernier… Ne laissons pas le travail inachevé » Dit-elle.
   Je n’eus ni le temps ni la force de me dégager. Elle pointa son énorme canon sur ma tête, et pressa la détente : le rire démoniaque d’Ada résonna dans mon crâne avant qu’il soit littéralement broyé par le rayon.
       Mes yeux s’ouvrirent automatiquement, d’un coup. Le rêve s’était estompé aussi rapidement que chaque nuit, mais cette fois-ci, la douleur persistait. Je me relevai, et compris que le fait que j’avais basculé de mon lit la tête la première y était pour beaucoup. Je dis « lit », mais comme il avait été taillé pour moi, je devrais préciser que je dormais dans un machin de plus de quatre mètres de long, et autant d’épaisseur ; sans parler du drap qui devait bien en faire le double… Je jetai un œil sur l’horloge murale de ma chambre, espérant que le jour se lèverait bientôt. 3h26… Aheum… D’accord…
       Je me recouchai, avec l’intention inébranlable, la plus pure détermination de me rendormir le plus vite possible, tâche à laquelle je me jurai de ne point faillir. Cinq minutes plus tard, j’étais assis dans la cuisine de mon appartement, une tasse de café à la main, devant la fenêtre qui me renvoyait mon reflet blafard, l’air de dire « va voir un psy ou tu deviendras barge ! ».
       Je bus…
       Je comptai mentalement… Trente-quatre… Ce foutu cauchemar m’avait fait me mouiller les écailles trente-quatre nuits d’affilée. Chaque nuit, un de mes amis venait m’achever, m’écraser, me transpercer ; je m’efforçais pourtant d’alléger le rythme, parfois à raison d’une mission par semaine ! Mais rien n’y faisais… 
       Trois ans après la mort de Chris, ma vie avait changé. Pas remarquablement, mais je possédais enfin un appartement, au dernier étage d’un building de DyoPolis, magnifique planète entièrement urbanisée, avec une belle vue sur le parc central. Pour cause : après plusieurs réussites, moi et Ada devinrent un binôme assez apprécié, et acquîmes chacun, au fil des missions, un rang de niveau 2. Nos salaires respectifs augmentèrent donc en conséquence, jusqu’à ce que nous décidâmes de nous désengager de notre contrat militaire : désormais nous travaillâmes toujours ensemble, mais en free-lance ; il y a toujours un employeur qui apprécie le travail bien fait en dehors de l’armée. C’est comme cela que nous commençâmes à nous faire respecter chez les chasseurs de primes. Cependant…
       Chris était mort… Kiyash avait succombé à un virus attrapé lors d’une mission… Ryjiss était parti vers une planète sauvage, Tallon IV, et n’en était jamais revenu…
       Je préférai ne plus m’attacher à certaines personnes, quitte à avoir l’air idiot, plutôt que de souffrir si une d’elles venait à disparaître…
       Tout en lavant la tasse, je me jurai de changer de marque de café : Galactixpresso ne faisaient que des produits trop fades…
       Je ne pouvais toujours pas dormir. Il fallait en parler à quelqu’un… Ada ? Non… Isis ? Peut-être… 
       Je fis les cent pas dans mon salon, en prenant garde à ne pas réveiller les voisins du dessous. Ce local était sympa, mais il l’aurait été d’avantage si j’avais eu quelqu’un avec qui le partager. Malheureusement, les Prédactyles femelles ne fréquentaient pas trop les sites Web de rencontre pour mastodonte…
   Quelle vanne de merde…
       Je m’approchai de la fenêtre du salon et contemplai de haut la ville encore endormie, tout en songeant à ce plan. J’avais souvent pensé à Ada, j’ai presque honte de l’avouer. Mais le jour où je lui avais proposé que l’on sorte ensemble, elle avait juste ri, et la conversation avait basculé sur autre chose. À présent, je me rendais compte qu’elle n’avait pas fait preuve de mépris : une Humaine aurait juste eu du mal à vivre avec un lézard géant… Finalement, elle avait trouvé quelqu’un, un certain Léon Kennedy, de la Police Fédérale. Je l’avais rencontré lors d’une soirée : un type sympa, droit, intelligent, tout à fait le genre de mec qu’il lui fallait.
   …
   …
   Cool…
   …
   …
   …
   Bon, zut !
       Cédant à l’envie qui me rongeait, j’ouvris la baie vitrée et laissai l’air frais de l’extérieur pénétrer sous mes écailles, me revigorer, et faire naître en moi un désir intense, incommensurable. Je ne pu y résister : je posai le pied sur le rebord de mon balcon de pierre et, d’un coup de patte sec, me jetai dans le vide.
       80m d’altitude. Je voyais le béton d’en haut, le parc juste à côté : si je me ratais, j’aurais au moins le plaisir de mourir dans la verdure. Je pliai mes ailes afin d’éviter qu’elles ne jouent le rôle de parachute. La gravité fit le reste…
       70m d’altitude. Je laissai mes bras le long de mon corps, afin de mieux pénétrer l’air. Le sol commençait à se rapprocher : je sentis une délicieuse coulée d’adrénaline parcourir mon corps.
       40m d’altitude. Je vibrai de toute ma masse, sous l’effet de la pesanteur comme sous l’effet de l’excitation : je n’avais pas connu ça depuis des lustres ! Je guettai, j’observai l’endroit où « ça » devrait se passer, et écarquillai les yeux : un jeune, très jeune couple, apparemment un peu moins de la vingtaine, admirait le parc de nuit, main dans la main. Je ne pouvais pas risquer de… Quoi que…
       20m d’altitude. Ma cible en tête, je me concentrai l’espace d’une seconde, puis allongeai ma queue au maximum. Je savais exactement quel mouvement effectuer ; je décidai de rajouter du piment à l’action : j’inspirai et poussai un de mes plus beaux cris Prédactyliens, juste assez fort pour me faire entendre des deux amoureux.
       10m d’altitude. Le garçon leva la tête vers moi, tandis que, à ma vue, ses pupilles s’agrandirent : je l’aperçu murmurer le nom de sa compagne, dont les beaux yeux noirs fixèrent la même chose que lui : moi. Ils étaient paralysés, alors que je leur tombai droit dessus : je me léchai les babines, et, à l’instant fatal, enclenchai le mouvement d’ailes.
   WWAAAAWHOOOOO
   Je passai littéralement à cinquante centimètre de leurs têtes, en poussant un grand cri de bonheur, déployai mes ailes, et reparti dans les airs à toute vitesse, les décoiffant au passage. Je ne m’étais jamais senti aussi bien ! Pendant un instant, je n’avais fait qu’un avec l’atmosphère, avec le ciel, oubliant mes peines, mes peurs, mes regrets ; je m’étais enfin fait une place dans cet univers, j’appartenais enfin à un système, j’avais joué un rôle parmi les courants de l’air frais de ce petit matin ; plus important, j’avais joué un rôle dans la vie de ces deux personnes ! Ce court moment, je me sentis…
       Vivant…
       Je slalomais entre les énormes immeubles, rasant quelques fois les fenêtres de parfaits inconnus, à toute vitesse, sans autre but que de sentir le vent glisser sur mes écailles et l’adrénaline couler dans mon corps. Puis, je la vis : l’immense tour de communication de DyoPolis, la Central Contact. Pourquoi m’en priver… ?
       J’atterris doucement sur le béton, au pied de la construction, qui devait bien mesurer cinq cent mètres… Alors que je me posai, j’exécutai une brusque contraction de la jambe, et me propulsai à nouveau dans les airs ! Afin de faciliter mon ascension, je prenais appui sur l’immeuble tous les dix mètres, puis donnais quelques coups d’ailes. Enfin, je dépassai la cime de la C.C., et continuai ma monté vers le ciel ; soudain, je rencontrai le « plafond » nuageux de pollution de la ville : je le traversai, en retenant ma respiration, les yeux fermés. Passé la chaleur de cet obstacle, une fraîcheur subite me força à ouvrir les yeux…
       Je me trouvai à présent bien au dessus de l’agglomération, des nuages, de la civilisation assoupie. Alors que je passai en vol stationnaire, mon regard se perdit dans l’espace infini, inatteignable… Les étoiles, claires et dures comme le diamant, semblaient veiller de loin sur l’univers, condamné à une éternité mélancolique… 
       Je repliai d’un coup mes ailes le long de mon dos, et fonçai en piqué sur la tour. Finalement, je freinai ma chute et m’agrippai à l’épaisse antenne du toit. 
       « Haaa…Haaa… Ha..hahaha… » 
       À bout de souffle, frigorifié, je m’autorisai un éclat de rire en me remémorant la trogne adorablement terrorisée de la jeune fille… Mortel… 
       Toujours à demi-hilare, je m’assis au bord du sommet de la C.C., et contemplai la cité, partagée entre prospérité et chaos, avec son lot de citoyens et de criminels, d’hommes d’affaires et de chômeurs, son lot de vie…
       Une demi-heure plus tard, je regagnai mon appartement, satisfait ; c’est alors qu’en posant le pied sur mon balcon, je sentis mon oreille interne vibrer : je recevais un appel. J’activai mon lien mental avec le récepteur, et répondit.
       « Je suis là…
       - Ridley, entendis-je, c’est Ada.
       - Oh… Salut… Matinale, n’est-ce pas ? Ou c’est Léon qui…
       - Arrête avec ça, s’il te plaît ! C’est urgent ! On a un appel du QG des Fédé…
       - Encore ? C’est quoi, le problème ? Des pirates de l’espace ont volé le doudou du Président et ils réclament une rançon ?
       - Très drôle, me dit-elle… On se retrouve à l’endroit habituel…
       - Entendu, ma biche… A tout de suite… 
       - Je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler < Ma… > »
       Je coupai.
       Bon, vérification du matériel, ok… Rangement sommaire du local, ok… Allez, go…
       Je pensais en finir rapidement avec cette mission…
       Quel con je pouvais faire…
       « - … Oui, oui ! Je te l’assure Maman ! J’étais avec Ylios, quand… Non, Maman, pas dans ce sens-là ! Oui, c’est ça, en promenade… Bref, on était sur le point d’aller au parc quand là, paf ! Tu sais pas ? J’entends un bruit, et Ylios me dit < Sarah, regarde en l’air… !>, Alors je lève la tête… Et tu sais pas !? Il y avait un truc énorme qui tombait sur nous !! Si si ! J’ai failli crier, mais je me suis retenue. Puis attends, je t’ai pas dit le meilleur !! Ca nous a frôlés puis ça s’est envolé de nouveau dans le ciel ! Et là, moi, tu penses, j’avais les jambes en coton, mais Ylios s’est pas démonté et il a saisit sa lampe torche. Ben tu sais pas ?! On a vu distinctement ! C’était une énorme bestiole ! Comme un dragon ! Non, Maman, tu sais que j’ai arrêté de boire depuis longtemps ! Sérieusement ! Il a poussé un grand cri et il a disparu dans la rue… Non, pas Ylios ! Le Dragon !... Bon, tu me crois pas ?! Pfff, laisse tomber… Tu demanderas à Ylios ! Sinon… Oui, oui, on a rendu visite à ses parents !… Sympas comme tout, oui ! Mr. Aran est un peu distrait mais il a un cœur gros comme ça…
       Ah… Pour la petite ?! Hihihi ! Non, on pense que ce sera pour Janvier… Oui… Ylios m’avait proposé « Juliane », mais… bôf… Finalement, on a prit un prénom Chozo. Oui oui, Maman ! Un très beau prénom… Mais laisse, Maman ! C’est trop tard, on a déjà rempli les papiers…    C’est définitif : notre fille s’appellera Samus Aran… »

Keliaran

RIDLEY :
LES CHRONIQUES D'UNE OMBRE
Fin du chapitre 5

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Un remake de Metroid Prime, enfin ! Vous en pensez quoi ?

Je prends direct ! Toute mon enfance en HD !

Je n'étais pas né à l'époque, quelle aubaine de pouvoir enfin le faire !

Très peu pour moi, j'attendais la trilogie d'un coup...

Bof, je l'ai déjà trop fait, je passe...

J'ai tout claqué dans les remakes HD de Crash Bandicoot :(


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