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RIDLEY :
LES CHRONIQUES D'UNE OMBRE

Chapitre 7 Embuscade

   Je me réveillai en sursaut, et poussai un soupir. Le cauchemar m’avait tiré une nouvelle fois de mon sommeil. Je regardai autour de moi et notai avec soulagement que personne dans la navette ne semblait avoir remarqué que je m’étais assoupi.
   Un coup d’œil à gauche pour vérifier que les deux tourtereaux étaient encore là -beurk ! oui-, puis je fouillai la sacoche de Léon pour trouver le rapport le plus récent sur l’enlèvement de Sheryl. Cette histoire méritait d’être tirée au clair.
   Environs une demi heure plus tard, je reposai l’Holopad, dépité. Je n’avais rien appris sur l’affaire, excepté que Sheryl avait subi un vaccin contre la Pixorragie à deux ans, élaboré par son propre père, et que malgré les anciennes rivalités de William Birkin et de Bryan Irons, ce dernier avait été désigné comme le parrain de la gamine. Rien de bien important.

   Nous atterrîmes sur Logacia et fûmes accueillis au commissariat de la zone par un gros officier qui transpirait beaucoup. Alors qu’Ada et moi le suivîmes dans son bureau, je jetai un regard en arrière et ressentit une petite satisfaction immature en voyant que Léon avait été refoulé à l’entrée… Héhéhé, pas cette fois là, blondinet !
   Ada s’assit, je restai debout en arrière.
   L’officier de police se présenta à nous :
   « Bien. Je suis le lieutenant Montgomery Nedman. C’est moi qui aie été chargé de l’affaire que… Que vous savez…
   - Une affaire d’une ampleur aussi grande ne devrait-elle être pas plutôt confiée aux services secrets, interrogea Ada ? Les moyens de la police Fédérale sont plutôt…
   - Limités, l’interrompit Nedman ? En théorie si, mais vous n’êtes pas sans savoir que le ministère de la défense intérieure a récemment entreprit des mesures contre la criminalité en augmentation perpétuelle. Notre budget a été revu à la hausse par le ministre et nous bénéficions de matériel de pointe.
   - Ecoutez, dit Ada. Nous agissons indépendamment du ministère et du gouvernement en général. Nous avons été engagés pour retrouver la fille du président, pas pour seconder la police.
   - Tient donc ? Il était convenu que vous assisteriez à nos expérimentations sur le tout nouveau programme de spéculation criminelle.
   - Pardon ? Vous dites qu’il n’a même pas été testé ?!
   - Pas tout à fait… Mais cette mission est une occasion rêvée pour promouvoir le nouveau matériel du département ! Nous allons également nous charger de votre équipement : vous allez recevoir la technologie de pointe, tout droit sortie des laboratoires gouvernementaux ! Le paralyseur tachionique en particulier est… »
   Je m’approchai d’un coup du bureau et fixai le lieutenant Boule-de-suif en prenant mon regard le plus dur. Son visage pâlit d’un coup et je pris la parole :
   «  Je ne me répèterai pas : je ne suis pas payé pour faire la promo de vos nouveaux jouets, est-ce bien clair ? Sheryl Birkin est peut-être en danger de mort, vous conviendrez que ce n’est pas le moment idéal pour toutes ces démarches…
   - M… Monsieur, bégaya Nedman, nous… nous avons des ordres, et…
   - N’oubliez pas, dis-je. Nous sommes chasseurs de primes. Pas flics… »
   Je sorti de la pièce, dégoûté, en laissant pour une fois Ada se charger de la paperasse. Les services secrets auraient dû se charger de cette affaire. Pourquoi le département de police avait-il été privilégié ? Pour tester leur matériel, évidemment, quitte à foirer la mission… Bureaucratie de mes deux…
   Comment Birkin avait-il pu laisser cette affaire entre les mains de types aussi peu concernés ? Il s’agissait de sa fille !

   Nous rejoignîmes Léon dans le hall du commissariat, avant de nous diriger vers l’aile informatique du bâtiment. Un homme d’environs 30 ans, en blouse, au teint mat et à la moustache frissonnante, nous accosta. Il échangea une poignée de main cordiale avec Léon, une bise avec Ada et se tourna vers moi en me gratifiant du plus beau regard de nom-de-dieu-je-suis-impressionné-au-point-de-ravaler-mes-lunettes qui m’ait été accordé depuis des années.
   «  Vous devez être le fameux Ridley, dit-il enfin… Vous êtes une petite célébrité ici, vous savez ? Un plaisir de vous rencontrer, je suis le scientifique en chef Kader Londogherian, mais vous pouvez m’appeler Londo… Léon et moi sommes de vieux amis de l’académie de Police. Lui et moi nous avons toujours rêvé de protéger les gens, empêcher les crimes, vous voyez, ce genre de trucs quoi ! Il a préféré la brigade d’intervention, j’ai préféré la recherche bio-mécanique… Vous ne le savez peut-être pas mais c’est moi qui aie développé le système NAP-com que vous utilisez !
   - Londo est un vrai geek, plaisanta Léon. Il a toujours hésité entre la biologie et l’informatique, mais finalement il a trouvé le moyen de concilier les deux ! Et avec brio s’il vous plaît !
   - Haha, la ferme Léon, ria le scientifique ! Je suis simplement devenu….
   - Chut ! T’es quand même parvenu à décrocher le poste de coordinateur en chef dans la police scientifique, c’est quelque chose ! »
   Je pris une lente inspiration… Je n’avais pas le choix : je devrais supporter en plus le tech’ idéaliste… Tant pis, ce qui ne tuerait pas rendrait plus fort…
   Tous les quatre, nous continuâmes notre chemin dans les labos ; à chaque nouveau couloir, Londo nous expliquait en détail toutes les ficelles de chaque prototype que nous étions sensés tester. Son enthousiasme faisait plaisir à voir, mais je n’étais pas d’humeur à le partager… Quelque chose m’interpellait, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt, ou plutôt la griffe dessus… Je demandai à Londo de me prêter son Holopad pendant qu’ils allaient chercher un café, et je passai en revue notre matériel. Des appareils de communication, de détection, beaucoup d’armes, le plus souvent anti-émeute, quelques modèles de fusil de précision, un lance-missiles compact, et un pare-balles cinétique en kit ; il semblait que ces objets avaient été conçus pour une véritable opération de nettoyage… Je comprenais évidemment que pour atteindre la planque où Sheryl se trouvait, il nous faudrait bien sûr nous occuper de quelques ravisseurs, mais là… Je m’attendais presque à m’attaquer à une armée entière. De plus, ces prototypes étaient tous des dérivés d’armes militaires, et aussi loin que je me souvienne, jamais aucun traité n’avait permis l’utilisation de telles armes par des officiers de Police ! C’était comme si… comme si le département savait à l’avance la menace que représentaient nos adversaires…
   « Londo, dis-je à leur retour. Qui supervise toute cette opération ? Je veux dire, qui donne ses ordres à Nedman ? C’est le président Humain ?
   - C’est le ministre de la défense intérieure, Brian Irons… Le président Birkin a préféré lui laisser le champ libre, autant parce qu’il est très compétent dans son domaine que parce que ces deux là sont plutôt amis…
   - Ils étaient pas adversaires politiques ?
   - Si si… mais avec le temps, ils se sont rapprochés, et Irons est même devenu…
   - … Le parrain de Sheryl, terminai-je, je sais… 
   - Un jour où l’autre, continua Londo, ils devront peut-être s’affronter pour les élections ! Mais d’ici là, leurs relations sont très amicales. Je crois qu’Irons sait que Birkin a trop bonne réputation pour se faire battre, même par lui. Du coup, il restera probablement à sa place.
   - Va savoir, répondis-je. Moi et la politique, tu sais… »
   Je laissai ma phrase en suspens, et reportai mon attention sur l’armement. Un détail attira mon attention, probablement indiscernable par l’œil Humain : un sigle basé sur chaque arme, représentant deux cercles, l’un dans l’autre, tous deux transcendés horizontalement par une sorte de segment arrondit. C’était le logo de la compagnie Biometrix.
   « Londo ? Depuis quand Biometrix travaille-t-elle avec les Feds ?
   - Pardon ?
   - Ces pièces d’armes. Elles sont marquées du sigle de Biométrix.
   - Oh. Tu n’étais pas au courant ? Pas étonnant, remarque, ce genre d’accords est souvent signé en secret. La compagnie est le principal soutient financier du gouvernement ! Ils forment les techniciens, les scientifiques, et parfois même certains politiciens ! Léon et moi, on sort d’ailleurs de l’école Ashford, ouverte par le premier directeur de Biometrix. Le… »
   Il n’eu pas le temps d’achever sa phrase. Un officier arriva en courant et, essoufflé, susurra quelque chose à l’oreille de Londogherian ; ce dernier se figea et dit d’un ton soudain abrupt « Et ils nous ont pas prévenus ? » ce à quoi l’homme répondit d’un hochement de tête négatif. Le scientifique le renvoya et se précipita vers le poste de commandement de l’aile informatique, suivi d’Ada, Léon et moi-même.
   « Londo, cria Ada, vous pouvez nous dire ce qu’il se passe au moins ?!
   - Aujourd’hui, pourquoi fallait-il que ça tombe aujourd’hui… !!?
   - Mais de quoi parlez-v…
   - Brian Irons ! fit soudain Londo en se retournant d’un coup. Il passe aujourd’hui faire une inspection de tous les commissariats de Logacia. Ca aurait dû lui prendre une bonne semaine, mais il a décidé de commencer par la ville C1Z14, et nous ne sommes évidemment pas prêts ! Il faut dépêcher tout le personnel, arranger les tenues, décharger le matériel en trop, régler toutes les machines sur la même fréquence, faire…
   - Ho, on se calme, fis-je. Quand est-ce qu’il arrive, votre ministre, là ?
   - Dans deux heures ! On n’aura pas le temps… ! Il faut faire quelque chose, nos places en dépendent ! »
   C’est ainsi que tout le commissariat, moi et Ada y compris, nous retrouvâmes à déplacer des caisses énormes, à trier des armes de toutes sortes, et à tenter de calmer un Londo de plus en plus nerveux. Nous avions presque terminé lorsque le mugissement d’une alarme retentit ; cela devait être le signal d’entrée du ministre, car tous les agents étaient devenus soudain très crispés. J’appris alors qu’Irons donnerait un discours dans la cour extérieure, et que nous étions conviés Ada et moi à y assister. Traduction : nous devrions surveiller les arrières du ministre. Ce n’était pas forcément le bon jour pour jouer les gardes du corps, mais de toute manière, nous étions bloqués au commissariat jusqu’à ce que les Fédéraux ne nous donnent l’autorisation d’enquêter, autant s’occuper… Et puis, mine de rien, la curiosité grandissait en moi ; j’avais souvent entendu le nom de Brian Irons aux infos mais le personnage restait une énigme. Modèle de droiture et de rigueur d’après certains, magouilleur opportuniste selon l’opposition, Irons semblait être un politicien banal.
   Nous nous dirigeâmes donc vers la cour intérieure. L’endroit était vaste, d’une longueur de 100 mètres environs pour 50 mètres de largeur, assez pour contenir un régiment de policiers.
   De part et d’autre du podium où le ministre se trouverait siégeaient deux immenses bustes de pierre représentant les deux plus importants fondateurs de la Fédération. Les murs avaient été recouverts à la va-vite des drapeaux de la planète. Il n’y avait pas de plafond et le ciel orangé de Logacia baignait l’endroit d’une lueur entêtante. L’après-midi touchait à sa fin, et déjà, une foule d’officiers s’étaient mis au garde-à-vous, tentant désespérément de combattre la fatigue qui semblait les gagner. Ada et moi nous postâmes de chaque côté du podium et attendîmes le fameux personnage.
   C’est alors que de derrière la scène apparut un homme. Massif mais pas imposant, ventru, la démarche claudicante, Brian Irons se présenta à la foule d’agents qui l’applaudirent. Le ministre avait une apparence quelconque : il était de peau blanche, une moustache de taille moyenne agrémentait son visage, équilibrant sa mâchoire carrée et son menton légèrement double. Son front dégarni luisait, un peu mouillé par la sueur. Comme je ne contrôlais pas mon odorat Prédactilien, j’eu tout le loisir de remarquer qu’il ne s’était pas appliqué de déodorant et que son déjeuner avait été principalement composé de haricots. Je détournai la tête, alors qu’il commençait son discours d’une voix monocorde. Il remercia tout d’abord les responsables du commissariat pour l’avoir accueilli malgré son avance, puis embraya sur les habituels clichés des discours ministériels, félicita les policiers pour leur travail, et, inévitablement, parla de l’augmentation de la criminalité en zone urbaine. Au bout d’une demi-heure de discours, il semblait aussi épuisé que les officiers en face de lui, mais continuait inlassablement sa harangue.
   Il paraît que la patience est une vertu : je veux bien le croire. Malheureusement, je n’avais jamais été très enclin à m’y adonner, et ce speech ne dérogeait pas à la règle. Ce fut peut être un coup de chance, car, alors que le reste des agents étaient concentrés sur le ministre, je levai les yeux au ciel et aperçu un véhicule étrange, de toute évidence différent des habituels astronefs Fédéraux. Je cru d’abord qu’il restait en vol stationnaire à un ou deux kilomètres au dessus de la ville, mais il s’avéra qu’il perdait de l’altitude petit à petit. Au bout de cinq minutes, alors que le vaisseau entrait dans la zone aérienne protégée, je m’étonnais qu’aucun des véhicules policiers ne réagisse. Il continua à descendre silencieusement jusqu’à être à 200 mètres d’altitude. J’eu alors le loisir de l’inspecter depuis le sol : ce vaisseau ressemblait beaucoup aux navettes de transports civils, mais en légèrement plus compact. De couleur grise, deux hélices à positrons l’encadraient de manière à lui donner une allure vaguement coléoptère. La cabine de pilotage avait une forme légèrement incurvée, et les hublots étaient faits d’une matière fumée, de façon à ce que rien ne puisse paraître de l’intérieur. Pas d’immatriculation.
   C’est alors que je vis le canon à plasma lourd. Il pointait vers le commissariat.
   Droit sur Irons.
   Merde.
   Le temps se figea autour de moi, alors que mon regard balaya la zone. Une estrade ; un pilier ; un drapeau ; une porte en verre ; un véhicule terrestre ; une deuxième porte en acier, juste derrière le ministre : c’était suffisant. D’un bond, je sautai sur la scène, et plantai mes griffes dans le mur. Je retirai brusquement la porte, qui pesait son poids, et, alerté par un sifflement caractéristique, je poussai Irons et me positionnai devant lui avec mon bouclier improvisé. Le projectile heurta le morceau de métal, et en emporta la moitié dans une explosion d’énergie, alors qu’une clameur s’éleva parmi le public. Tout se passa en une dizaine de secondes. Le brouhaha se dissipa rapidement et des unités d’intervention se mirent en position défensive pendant que j’emmenai le ministre en lieu sûr.
   « Mais nom de… Qui êtes-vous, que se passe-t-il ?!
   - Restez près de moi, lui intimai-je. Je suis chargé de votre protection. Venez vous mettre à l’abris, quelqu’un a essayé de vous … »
   Je voulus dire « assassiner » mais le reste de ma phrase fut couvert par le bruit d’une explosion plus grande encore. Je me retournai pour assister à un spectacle macabre : le vaisseau avait cette fois ci ouvert le feu sur la cour. Des dizaines de cadavres calcinés jonchaient le sol tandis que des ordres pleuvaient dans tous les sens. Le véhicule terrestre de tout à l’heure pointa son canon vers l’ennemi, mais avant de pouvoir tenter quoi que ce soit, il fut criblé de balles antichar et explosa. Tout près d’Ada. Je me souviens avoir senti mon cœur s’arrêter pendant que la fumée se dissipait, puis reprendre son rythme lorsque mon amie revint en courant, saine et sauve. Je lui confiai Brian Irons, et sorti à découvert. Je n’avais sans doute pas le temps de préparer une boule de feu, mais j’avais un plan. L’ennemi n’avait pas bougé. J’ordonnai à l’officier le plus proche de me confier son pack de fumigènes, ce qu’il fit. Je courus vers une autre planque, et saisis au passage le corps d’un flic mort. Attiré par mon énorme masse, le vaisseau ennemi m’arrosa d’un feu nourri, que j’évitai je ne sais trop comment. Caché derrière un gravât, j’attendis que la mitrailleuse soit à court de munitions, puis je sorti de ma cachette. Je connaissais ce modèle de canon à plasma, et je savais que ces salauds auraient besoin d’environs une minute pour tirer un nouveau projectile. Je sortis donc de ma cachette, et, d’un coup de patte arrière, je me propulsai vers lui. En quelques battements d’ailes, j’avais atteint la moitié de la distance qui nous séparait. Au même moment, le canon à plasma se mit à vibrer, signe qu’un nouveau tir allait être lancé, comme je l’avais prévu. Je me concentrai alors sur l’astronef, pris un élan, et lançai de toutes mes forces le cadavre du malheureux que j’avais ramassé tout à l’heure. Le corps percuta de plein fouet le projectile de plasma et enfla d’un coup pour exploser, à un mètre du véhicule ennemi. Un énorme nuage de fumée d’un bleu électrique se forma en une seconde, pendant que je me laissai retomber sur le sol. J’atterris et aperçus au loin le vaisseau, dont les occupants avaient vraisemblablement perdu les commandes, partir en direction de l’Est de la ville.
   Je retournai dans le bâtiment pour voir l’ampleur des dégâts. Une foule d’agents sur le pied de guerre allait et venait, emportant les blessés, aboyant des ordres dans tous les sens, ou vérifiant si la menace était vraiment écartée. Ada m’accueilli avec une moue étrange, je n’aurais su dire si elle était indignée ou ravie. Alors que j’ouvris la bouche pour lui dire quelque chose, elle m’asséna un énorme coup dans le ventre, à l’endroit exact où elle savait que je n’étais pas protégé par mes écailles, me coupant le souffle. Je titubai un moment, puis me retournai vers elle, et aperçu un de ses sourires les plus radieux.
   « Ridley, qu’est-ce que je t’ai dit à propos de cette habitude ?
   - Je.. Je sais, je sais…
   - Tu dois arrêter de foncer dans le tas comme un dératé, sans plus réfléchir ! 
   - Oui, dis-je péniblement, reprenant ma respiration…
   - C’est toujours comme ça que tu combats, un jour ça te jouera des tours ! Mais bordel, ajouta-t-elle en souriant de plus belle, je suis si heureuse que tu sois revenu en un seul morceau… Le blindé ennemi a perdu les pédales ? Comment est-ce que t’as fait ça ?
   - Héhéhéhé, riais-je. Je me suis servi de ma tête pour une fois ! Le canon ennemi projetait du plasma concentré à 80 ou à 90%. Dis-moi, tu te rappelles des cours de Chimie de l’Université Fédérale ? Ils nous avaient enseigné qu’il fallait éviter de porter des packs de fumigènes à ruthronium sur une planète si sa densité plasmique était supérieure à 49% , tu te souviens pourquoi ?
   - Heu… Parce que le plasma pourrait entrer en réaction avec le ruthronium et que ça produirait…
   - Des particules de Plasmite, m’exclamai-je triomphant !! Et dans quoi utilise-t-on le Plasmite ? Dans les systèmes de brouillage !
   - De… brouillage, bafouilla Ada ?! Mais… Riddy, t’es un génie !! Quand les autres apprendront ça tu seras…
   - ON sera, dis-je avec un clin d’œil. »
   Ada pouffa de rire. Si elle avait su que j’avais enfoncé les fumigènes dans la cage thoracique du cadavre afin de l’utiliser comme camouflage, elle ne m’aurait pas autant félicité. Je me renfrognai en imaginant son visage écœuré, me dévisageant avec dégoût…
   « Ada, où as-tu emmené le ministre ?
   - Il est en ce moment dans le bureau du lieutenant Nedman. J’en connais un qui doit se faire passer un savon.
   - Bordel, dis-je… Si je m’attendais à ça… On a un enlèvement sur les bras, le nouveau matériel des forces locales n’a jamais été testé, et pour finir le ministre qui supervise les recherches est pris pour cible par des tueurs. Ca fait beaucoup pour… »
   Mon regard croisa celui de la jeune femme. Elle était arrivée à la même conclusion que moi : cela faisait trop de coïncidences. Alors que nous nous précipitions vers le bureau de Nedman, notre route croisa celle de Léon. Je laissai donc à mes deux coéquipiers le soin de se rassurer mutuellement et fonçai à l’étage supérieur. La porte du bureau était entrouverte. Je ne pris pas la peine de frapper et, ignorant le garde qui tentait de me refouler, entrai directement. Le lieutenant Nedman et le ministre Irons semblaient avoir été interrompus au milieu d’une grande discussion car ils tournèrent leurs têtes vers moi en même temps, avec un air mi-surpris mi-agacé.
   « Ce sera tout, Lieutenant, fit Irons après un moment. Vous pouvez disposer.
   - Hm, répondit Nedman, visiblement désappointé. Je… Je vais vérifier si…
   - Faites, faites, le pressa le ministre d’un geste de la main. »
   Nous nous retrouvâmes donc seuls. L’homme s’était assis sur le fauteuil de l’officier et s’était mis à me scruter d’un air soupçonneux. Je pris la parole.
   « Monsieur le ministre, je suis un chasseur de primes indépendant. Mon nom est Ridley. J’ai été chargé de votre protection durant votre discours, mais ce n’est pas l’objectif premier de ma venue sur Logacia. Moi et ma partenaire avons reçu pour mission de retrouver Sheryl Birkin, votre filleule. Je crois savoir que vous dirigez vous-même les opérations, est-ce exact ? »
   Pas de réponse. Irons continuait à mâchouiller un cigare en me fixant. Je me raclai la gorge, et préparai une réplique cinglante, lorsqu’Ada apparu dans l’embrasure de la porte. Le courant sembla mieux passer, car le politicien rompit enfin le silence.
   « Bien. Je tiens à vous féliciter pour votre travail. Vous avez été plus efficaces que les brigades que nous avions réunies, je ne sais pas si on peut voir ça comme une bonne nouvelle, mais il n’empêche que vous nous avez sorti d’une sacrée mélasse. »
   Il se tut un instant, semblant réfléchir à quelque chose. J’en profitai pour en placer une :
   « Monsieur. Nous suspectons nos agresseurs d’être liés à l’enlèvement de Sheryl Birkin. »
   Il arrêta de mâcher son cigare.
   « Pardon ?
   - Vous ne trouvez pas que ça fait beaucoup, demanda Ada ? Vous êtes celui qui a pris cette enquête en charge, et peut être que vous avez mis le doigt là où il ne fallait pas… Cet attentat vous visait vous, c’est évident !
   - Voyons mademoiselle, répliqua Irons. Il est trop tôt pour affirmer quoi que ce soit ! L’enquête n’a même pas commencé et vous prétendez avoir découvert le coupable ? S’il vous plaît, laissez-faire la police, nous sommes plus qualifiés que vous pour ce genre de choses. De plus…
   - Hé, m’écriai-je ! Je vous ai sauvé les f…
   - De plus, m’interrompit-il avec un regard lourd, vous savez très bien que votre rôle dans cette affaire n’est que minimal. Le président Birkin paie grassement chacun de vous pour assister la police durant les opérations, pas pour enquêter à sa place ; vous devriez vous en contenter, mes services n’en attendent pas plus de vous. [Il se leva] C’est aux forces du ministère de la défense intérieure de faire régner la loi, pas à des chasseurs de primes. »
   Il prononça ces trois derniers mots avec une expression de dégoût, comme s’il était en train de nettoyer son costume d’une chose à l’odeur écœurante. Il ne m’en fallu pas plus pour faire volte-face et sortir de la pièce. Je n’avais plus de temps à perdre avec ce type. Ada me rattrapa et me demanda ce que j’allais faire : à vrai dire, je n’en avais pas la moindre idée. Je regrettai juste de ne pas avoir laissé Irons se faire réduire en poussière. Léon nous rejoint alors.
   « Alors, vous l’avez vu ?
   - Oui. Et c’est pas la meilleure chose qui nous soit arrivée, dis-je.
   - Qu’est-ce qu’il a dit ? »
   Après un petit résumé, Léon prit une mine fataliste :
   « Tu m’étonnes… Brian Irons n’aime pas les chasseurs de primes. Il doit penser qu’ils lui piquent les honneurs. Surtout depuis l’apparition des pirates de l’espace, les chasseurs sont vachement sollicités, et du coup nous on est un peu mis au second plan.
   - C’est pour ça que Cage nous a fait travailler en parallèle avec la défense intérieure, demanda Ada ?
   - Ouais. Ordre du président Birkin lui-même. Je pense qu’Irons le digère mal…
   - Ce mec me fout les boules, dis-je à mi-voix. Il n’a pas arrêté de me regarder comme si j’étais une merde de Lumigek.
   - Ah, ouais, s’exclama le jeune flic ! J’avais oublié de vous préciser qu’il est plutôt hostile aux non-Humains. »
   Devant nos visages perplexes, il développa :
   « Peu de gens le savent, mais Irons faisait partie d’un lobby anti-Xenos, appelé Veltro. Ils militaient pour que la présidence Humaine se sépare de la Fédération, parce que selon eux, les non-Humains n’étaient pas aptes à vivre avec les Humains. Ca aurait pu s’arrêter là, mais ils ont commencé à se servir de chaque prétexte pour faire pression sur le gouvernement. Le groupe Veltro s’est dissout lorsque son chef a commis un attentat sur le conseil Vhozon, il y a genre 30 ans. Ca avait fait beaucoup de bruit à l’époque ! Le ministre s’est racheté une conduite et a fait pas mal de choses pour laver sa réputation. Mais il a toujours du mal à admettre que des non-Humains puissent avoir une place dans la société Humaine.
   - En fait, dis-je d’un air faussement pensif, j’aurais carrément dû le placer au milieu de la cour quand on s’est fait attaquer… ! »
   Ada s’esclaffa et Léon eut un petit sourire. Puis il sursauta, se rendant compte que son module de communication sonnait. Un silence s’installa alors qu’il écouta les ordres. Enfin, il se retourna vers nous et nous annonça que le vaisseau des agresseurs avait été repéré : il s’était posé en catastrophe sur le versant de la colline Est, qui séparait les villes C1Z14 et R4C00N. Les équipes de recherches et d’interventions s’y rendaient. Je demandai à Léon si nous avions le feu vert ; il se renseigna, puis nous fit un signe négatif de la tête. Ada et moi étions coincés ici.
   Quelques minutes plus tard :
   « Ca doit être une blague, rageai-je pendant que nous nous dirigions vers le toit !! On nous confie une enquête et ce sont les keufs qui chargent de la partie cruciale, on est là pour quoi, faire le ménage et tenir la main de ce ministre à la con ?
   - Calme-toi Ridley, me dit ma partenaire. Je sais ce que tu ressens, mais on ne peut rien y faire.
   - Mon cul.
   - Pardon ?
   - Tu n’as pas compris pourquoi on nous a envoyé ici, Ada ? Je t’explique. Ils vont chercher les agresseurs, ils vont découvrir comme par hasard qu’ils sont liés à l’enlèvement de Sheryl, et ce sera à nous, les ‘rapaces’, de nettoyer la place, et au passage de porter les jolis équipements tout frais du département technique. Enfin, ton petit copain va ressortir tout beau tout fier avec la gamine sur les bras, et tout le monde acclamera les valeureux gardiens de la paix. Et à la fin ils nous renverrons avec une jolie récompense pour qu’on la mette en veilleuse.
   - Mais calme-toi, cria Ada !! Qu’est-ce qui te dérange là dedans ? »
   Je m’arrêtai et me tournai vers elle :
   « Tu ne te souviens pas pourquoi on avait décidé de devenirs des chasseurs indépendants ?
   - …
   - Tu disais sans cesse que tu ne voulais plus être un pantin, que les ordres te pesaient, que tu voulais sortir des sentiers battus. Répond-moi maintenant, qu’est-ce qui a changé ? Est-ce qu’on a vraiment été libres depuis qu’on s’est désengagés de l’armée ?
   - Je, bafouilla-t-elle… Je ne savais pas que tu y attachais autant d’importance… ! »
   Je m’étais remis à monter les escaliers, puis j’arrivai enfin sur le toit, Ada à ma poursuite.
   « Ridley, qu’est-ce qui ne va pas… ? Tu es blessé dans ton honneur, c’est ça ?
   - C’est pas une question d’honneur, Ada, dis-je en m’approchant de la plateforme à vaisseaux. C’est tout simplement que… Quel sens est-ce que ça a, tout ça ? A part faire le sale boulot des militaires, on est devenus bons à quoi ? Je me souviens que lorsqu’on a commencé, on avait des ambitions, toi et moi ! C’était ce désir de liberté qui nous faisait avancer… !
   - De liberté… ? »
   Je me tournai à nouveau vers elle, et devant son visage étonné, je lâchai soudain :
   «  Ouais. La liberté. Tu sais, c’est ce truc qui nous permettait de choisir avec qui on bossait au début ! La liberté, c’est ce qui faisait qu’à chaque fois qu’on n’était pas d’accord, on plaquait tout et on partait. C’est ce truc qui faisait que… Que quand j’avais des obligations, et que t’avais un souci… J’envoyais tout balader et je revenais pour t’aider… Parce que t’as toujours compté pour moi ! 
   - ??!
   - Ouais… La liberté… C’est ce truc qui fait que… Ben que si on l’aime encore un peu… On devrait faire un doigt à Irons et Nedman, et suivre les équipes d’intervention… »
   Sur ces mots, je la saisis par la taille. Elle poussa un cri :
   « Nyaahhh Ridley !! Qu’est-ce que tu fais ?!!
   - Je revendique ma liberté, dis-je. »
   Je la plaçai sur mon dos, entre mes deux ailes, et elle s’accrocha instinctivement à mon cou.
   « Non, Ridley, Arr----êêêêêête !!!! »
   Trop tard.
   Je sautai du haut de la plateforme d’atterrissage. La jeune femme n’avait pas desserré son étreinte. Je repliai les ailes pour accélérer la chute, puis effectuai un mouvement pour me redresser dans l’air. J’ouvris alors les ailes et pris mon envol, en direction de la colline Est. Le cri d’Ada s’était transformé en fou rire.
   « MaaiiiiIIIIIIS RIDLEYYYY T’ES NULLLL, me cria-t-elle entre deux crises !! »
   J’étais hilare :
   « Hahahaha, c’est la première fois que tu montes sur un Prédactyle, hein ? »
   Je n’osais le dire, mais c’était également la première fois que quelqu’un me grimpait sur le dos.
   «  Abruti, ria-t-elle !! Fait-moi descendre tout d’suite !
   - Sinon quoi ?
   - Sinon… Sinon j’appelle la police !! »

   Nos rires éclatèrent parmi les cieux. Mais cette fois ci, nous fûmes les seuls à les entendre.

Keliaran

RIDLEY :
LES CHRONIQUES D'UNE OMBRE
Fin du chapitre 7

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Un remake de Metroid Prime, enfin ! Vous en pensez quoi ?

Je prends direct ! Toute mon enfance en HD !

Je n'étais pas né à l'époque, quelle aubaine de pouvoir enfin le faire !

Très peu pour moi, j'attendais la trilogie d'un coup...

Bof, je l'ai déjà trop fait, je passe...

J'ai tout claqué dans les remakes HD de Crash Bandicoot :(


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