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Chroniques d'un Pirate de l'espace
Partie 1 : La mission Prométhée

Chapitre IX : Meurtris

   Les portes en carbonium de Darian s’ouvrirent, laissant entrer le convoi du Haut Commandement. Sans attendre, les transports de la Légion XV se dirigèrent vers les centres médicaux proches avec à leur bord, Ersut S’han.
   Nous débarquâmes dans le centre de la ville, accueilli par le Gouverneur local, Torghal, un vieil ami du Général Kadar et d’Ezharion. Les frères s’avançaient vers lui, inquiets de ne pas voir les civils du Haut Commandement.
   - Mon vieil ami, salua le Général Kadar avant de l’embrasser. Vous n’avez pas reçu nos convois civils ?
   Torghal eut une moue attristée et hochait de la tête pour lui dire non. Nous nous regardâmes Ezharion et moi, le Général frappa l’air du poing, furieux.
   - Ils ont peut-être été capturés, supposa Ezharion. Mais pas tués. Les renégats vont probablement les endoctriner pour…
   - Nous Ezharion, le coupa Torghal, les renégats de la région ne sont pas ceux que vous avez combattu plus au Nord, ils sont agressifs et barbares. Ils sont menés par un Dragon noir qui…
   - Nous l’avons éliminé, le coupai-je à mon tour.
   - Vous nous enlevez une sacrée épine du pied, Capitana Majore. Au fait, félicitation pour votre Nominationis, et toutes mes condoléances pour Vadar, c’était un bon guerrier.
   - Le meilleur, ajoutai-je.
   Torghal acquiesça et se tourna vers ses subordonnés.
   - Conduisez le Général en lieu sûr. Combien avez-vous de soldats, demanda-t-il en se tournant vers lui.
   - Environ dix milles.
   Torghal se satisfaisait d’un tel chiffre mais en avait paru tout aussi déconcerté. Il faut dire que Darian était une petite cité civile jusqu’alors, et qu’elle n’avait été militarisé que depuis quelques mois, à l’issu de nombreux assauts ennemis, et le manque de place allait se faire ressentir.
   L’Inquisiteur Nakeesh descendit à son tour avec ses assistants et salua Torghal d’un signe de tête, lequel lui répondit réciproquement avec un pincement aux lèvres.
   - Toujours dans vos pattes celui-là, marmonna-t-il au Général.
   - Sans lui nous aurions eu plusieurs milliers d’invités supplémentaires à vous imposer, rétorqua Ezharion. Et pas des plus amicaux, sourit-il.
   - C’est vous qui le dites, Ezharion.
   Les insinuations du Gouverneur provoquèrent un rictus amusé d’Ezharion, le Général se mit à marcher vers les bâtiments militaires du centre-ville, rapidement rejoint par Ezharion et moi où nous fûmes conduit jusqu’à la tour principale de Darian. Le point culminant de la ville offrait en temps normal une vue sublime qui s’étendait presque jusqu’au Haut Commandement, mais pas en cas d’intempéries. On pouvait cependant observer l’épais nuage issu de la Pluvia Ignis et qui ne s’était pas encore dissipé.
   - C’est la première fois que je peux admirer un tel spectacle, remarqua Torghal en observant le nuage.
   - Triste spectacle, vous en conviendrez, intervint Nakeesh.
   Le Gouverneur se retourna et fit face à l’Inquisiteur, fronçant ses sourcils broussailleux et grisonnants.
   - Vos sarcasmes m’exaspèrent, Nakeesh.
   - Il y a longtemps que vous vous terrez dans les murs de Darian, Torghal, si vous aviez eu davantage de cran et de courage, peut-être aurions-nous éviter ce drame, fit remarquer Nakeesh.
   - Oserez-vous répéter cela en me regardant droit dans les yeux, Inquisiteur ?
   - Vous manquez de cran, Gouverneur Torghal.
   Ce dernier se jeta sur lui et l’empoigna par le col, le soulevant presque, car malgré son âge, Torghal n’en était pas moins une force de la nature, plus proche de nous que des Pirates, deux mètres vingt-neuf pour pratiquement cent dix-sept kilos de muscle…
   - Calmez-vous Torghal, l’intima Ezharion. Vous savez combien les temps sont difficiles, il nous faut être uni.
   Il acquiesça dans un grognement avant de lâcher prise, Nakeesh lui adressa un dernier regard assassin avant de s’installer sans mot dans un des fauteuils de la pièce.
   - A quand remonte la dernière attaque, demanda Ezharion.
   - Environ six heures. Ils attaquent par groupe de cents à deux cents.
   - Il y a un prophète local ?
   - Oui, Sigmun T’här. Ancien Conseiller du Général Kadar, si je ne m’abuse ?
   Kadar approuva d’un signe de tête.
   - C’était un bon élément, ajouta-t-il. Un Pirate de conviction, doué dans la rhétorique.
   - Un politicien quoi, railla Torghal.
   - Capitana Majore, vous devriez peut-être rejoindre vos légionnaires, et S’han en particulier, nous nous retrouverons dans quelques heures ici-même, m’intima Ezharion.
   Je m’exécutais et quittais promptement la tour de Darian pour rejoindre le centre hospitalier dans lequel avait été transporté Ersut.
   La ville était agitée, les civils de Darian se mêlaient avec les soldats, certains s’interrogeaient sur leur sort, d’autres essayaient de vendre leurs breloques comme si de rien n’était.

   Je retrouvais Peregrim sur le chemin, accompagné de Mamen O’ri et du Quintero Ëzen K'aïn. Ëzen était à l’image des Myrmidons, fort et courageux, s’ajoutait à cela son flegme légendaire et son absence totale du sens l’humour. Il maitrisait mieux que quiconque les armes à feu, capable de réaliser des cartons à des distances incroyables. Il possédait d’ailleurs un fusil sniper, le Silence, comme il se complaisait à le nommer, bien qu’il ne l’utilisait que très rarement.
   Tout les trois entrâmes dans le complexe médical où nous fûmes accueillis par le chef apothicaire, son visage était fermé, sans émotion, des cernes sombres témoignaient de l’activité effrénée du complexe.
   - Comment va-t-il ? M’enquérais-je.
   - Il est dans un état critique, le pronostic vital est toujours engagé. Une bonne partie de son armure s’était transformée en métal liquide et l’a brûlé de l’intérieur, il va falloir réparer ses tissus avant de le sortir du coma, exposa l’apothicaire. Il y a aussi des brûlures chimiques dues au souffle du Dragon, là les tissus sont irrécupérables et devront être remplacés artificiellement…
   - Faites de votre mieux, apothicaire.
   Il hocha et retourna auprès de son équipe au chevet d’Ersut, les écrans de contrôles nous laissaient entrevoir le corps meurtri du Premero. La peau de son torse était brûlée à tel point qu’on pouvait voir certains des os de la cage thoracique, de même que ses cuisses et son bras gauche. Son visage était le plus épargné, ne souffrant que d’une légère ecchymose et de quelques brûlures au premier degré.
   Nous assistâmes aux opérations diverses initiées par le chef apothicaires, des bras mécaniques venaient retirer les tissus calcinés, centimètre par centimètre. L’électrocardiogramme s’agita soudainement, provoquant l’affolement de l’équipe de soin.
   - Il ne doit pas mourir ! Cria Peregrim en frappant un des écrans avec son poing, le brisant.
   J’étais assaillis par une douleur étrange, profonde, un pincement au cœur, une sueur froide, la conscience de la mort imminente du Premero Ersut S’han, d’un ami.
   Le chef apothicaire tenta de le réanimer, mais il lui était impossible d’utiliser un courant électrique sur des tissus aussi endommagées pour espérer faire repartir le cœur. Malgré ses nombreux instruments de pointe, il était impuissant, et rapidement, se résignait à abandonner là le Myrmidon meurtri.
   Une foule de patients et d’apothicaires s’ameutaient autour de nous, pris par la panique, car un Myrmidon, un Majeur, venait de mourir dans leurs murs, les murs de Darian.
   - C’est fini, décréta le chef apothicaire en s’adressant à la caméra.
   Je fermis les yeux un court instant, sentant mes yeux s’humidifier, Peregrim n’hésita pas à extérioriser sa colère en arrachant le second écran de contrôle avant de le jeter violemment au sol. Ëzen semblait bouleversé, son visage s’était assombris, des larmes coulaient sur ses joues sèches.
   - Je dois… Retourner dans la Tour… Prévenez les autres, Peregrim.
   - Oui, Capitana Majore.

   La montée des marches de la Tour me parue plus pénible, je songeais à tout ce que nous traversions, en si peu de temps nous avions déjà perdu de nombreuses vies, militaires comme civiles, le Haut Commandement et maintenant Ersut… Et nous étions loin d’en avoir terminé avec l’Insurrection. Par-dessus tout je craignais d’échouer dans la Mission Prométhée, et cet échec, j’en connaissais par avance les conséquences.
   Torghal, Ezharion, Nakeesh et le Général étaient assis dans leurs fauteuils autour d’une table ronde en pierre noire.
   - Des nouvelles ? S’enquérait Ezharion.
   - Ersut S’han est mort, lui répondis-je sèchement.
   Leurs visages se fermèrent mais, aucun d’entre eux ne fit de commentaire, Torghal m’avait paru davantage affecté que les autres, je le voyais serrer ses poings avec force.

   Dans la nuit qui suivie, nous organisâmes les funérailles du Premero tombé, l’ensemble de la ville avait été mobilisée, civils comme soldats sur la Grande Place. Le corps du défunt fut placé sur un bûcher élevé, ses yeux recouverts de pièce en carbonium et vêtu d’une toge pourpre sur laquelle la Fourmi avait été brodée.
   Ezharion s’approcha, une torche à la main, dont la flammèche instable faillit plusieurs fois s’éteindre sous le vent glacé. Le bois s’embrasa rapidement, malgré le froid, une épaisse fumée s’élevait du brasier, enveloppant Ersut S’han dans un voile noir opaque.
   Je ressentais un poids immense sur mon estomac, la culpabilité qui se mêlait à l’angoisse de la mort, la mienne, et celle des mes frères d’arme. A compté de ce jour, cette angoisse ne me quittait plus, me poursuivait tel un fantôme en colère, l’incompréhension de la tragédie dont l’imminence ne faisait plus guère de doute.
   Qu’arrivait-il aux Pirates ? Quelle folie les emportaient tous, les uns après les autres, dans le trépas ou l’hérésie ?
   Cette nuit là, je compris qu’il n’y avait pas que le corps d’Ersut S’han qui avait été meurtri et brûlé. Je compris que nous l’étions tout autant, nous Pirates, et peut-être davantage.
   Et je perdais toujours un peu plus d’espoir.

DHX

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Fin du chapitre 9

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Un remake de Metroid Prime, enfin ! Vous en pensez quoi ?

Je prends direct ! Toute mon enfance en HD !

Je n'étais pas né à l'époque, quelle aubaine de pouvoir enfin le faire !

Très peu pour moi, j'attendais la trilogie d'un coup...

Bof, je l'ai déjà trop fait, je passe...

J'ai tout claqué dans les remakes HD de Crash Bandicoot :(


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