Chroniques d'un Pirate de l'espace
Partie 1 : La mission Prométhée
Chapitre IV : Inquisition
Notre captivité s’éternisait. Plusieurs semaines s’étaient écoulées depuis notre défaite, une fois conduits dans les geôles du bâtiment, nous n’avions reçu aucune visite. Seuls les gardes chargés de nous ravitailler en eau et en nourritures laissaient présager qu’il restait des insurgés dans les lieux. Nous avions progressivement perdu la notion du temps, faisait-il jour ? Nuit ? Nos repas n’étaient pas apportés à intervalle régulier pour que nous puissions nous régler sur ces horaires.
Les gardes ne parlaient pas, ils passaient, faisaient leur labeur sans mot dire, et repartaient aussitôt.
Nos muscles s’atrophiaient, la fatigue nous gagnait tous, les plus faibles avaient déjà sombré dans un sommeil profond, les Majeurs et moi-même tentions tant bien que mal de rester debout, en espérant que le Général Kadar enverrait toutes ses forces sur les lieux, à supposer qu’il ait été prévenu, d’une manière ou d’une autre, de l’avancement de la mission. A supposer qu’il y eût un survivant parmi les légions massacrées… Nous discutions de temps à autre avec Mamen O’ri pour nous maintenir éveillés, tant physiquement que mentalement, les cellules étaient exigües, nous étions une dizaine dans chacune d’elles, à peine assez de place pour se mouvoir. Des conditions bestiales.
C’est au bout de plusieurs semaines que nos espoirs émergèrent à nouveau. Un garde du nom de Zekk, qui avait été nouvellement affecté dans les geôles, a pris l’initiative risqué de nous libérer.
- J’ai été envoyé par l’Inquisiteur, déclara-t-il.
- Comment sait-il que nous sommes ici ? Lui demandai-je.
- C’est confidentiel, Capitana Majore, lui seul pourra vous répondre, me confia-t-il.
Certains légionnaires avaient été affamés par des semaines d’enfermement, affaiblis, nous étions contraints de marcher lentement, transportant sur nos épaules ceux qui n’étaient plus en état de se déplacer par eux-mêmes.
- Capitana Majore, les insurgés ont quitté les lieux la nuit dernière, ils se dirigeaient vers le Nord. J’ai vu une créature les accompagner… Une bête aux allures de…
- Dragon, le coupai-je.
- Oui Capitana. Ces choses existent réellement…
- S’ils vont vers le Nord, ils se dirigent vers le Haut Commandement. Ils ne seront pas assez nombreux pour vaincre toutes les légions.
- Ils recevront peut-être du renfort, l’Inquisiteur m’a envoya vous sortir de là, des véhicules vous attendent plus à l’Est, à environ trois kilomètres, la Légion CVII vous y attendra, une fois votre armée remis sur pied, foncez vers le Nord, Kadar aura besoin de vous.
J’acquiesçai et ordonnai à mes légionnaires de me suivre vers la sortie, Zekk s’enfonça dans le temple, je me demandai ce qu’il comptait y faire…
Nous nous retrouvâmes vers la surface, comme il l’avait dit, les lieux avaient été désertés, seuls une petite garnison de gardes étaient demeurés à l’entrée du bâtiment, rapidement défaite, malgré nos conditions plus qu’alarmantes.
Il pleuvait sur le secteur Omicron, le nuage radioactif avait disparu, laissant place à une plaine déserte et infertile. Comme l’avait indiqué Zekk, nous nous dirigeâmes vers l’Est.
Mamen O’ri s’effondra à son tour, épuisé par la faim et la soif, il était le plus affecté d’entre nous, plusieurs de ses plaies s’étaient infectées pendant notre incarcération. Les Myrmidons n’ont jamais eu de médecin de leur rang, ce qui m’avait toujours paru être une ineptie. Fut un temps nous étions liés à l’Ordre des Apothicaires, mais ceux-ci ont été affecté aux légions principales. Je décidai de laisser les deux légionnaires que j’avais jusque là aider à Ersut S’han et d’épauler O’ri.
- Capitana… balbutiait-il.
- Ne te fatigue pas, frère. Une longue marche nous attend, garde tes forces.
Nous entrions dans la saison hivernale, accompagnée par des vents glacials, parfois des blizzards intenses, j’espérais ne pas être confronté aux aléas du climat. Certains légionnaires n’avaient, malgré leurs armures, pas résister au froid qui rendait les mouvements plus difficiles du fait du gel, et avaient péri de fatigue. Nous atteignîmes les véhicules dont nous avait parlé Zekk plusieurs heures après que celui-ci nous ait rendu la liberté. Mais nous avions perdu neuf légionnaires, et O’ri était dans un état critique.
Par chance, la Légion CVII comptait dans ses rangs trois apothicaires. Nous fûmes accueillis par le capitaine Kalel N’ut, et, plus surprenant, par l’Inquisiteur Nakeesh.
Je le saluai, celui-ci vint à moi, la mine grave :
- Venez avec moi Capitana Majore.
Je laissais mes légionnaires au soin des apothicaires, Nakeesh me conduisit dans son véhicule personnel, gardé par la garde inquisitoriale.
- Comment avez-vous su pour notre captivité ? M’enquérais-je.
- Nous avons des informateurs dans les rangs ennemis, Capitana Majore. De même qu’eux en ont sûrement aussi parmi nous, c’est mon rôle de m’assurer que nos rangs sont sains, m’expliqua-t-il.
- Que savez-vous au sujet des Dieux Dragons ? Demandai-je à brûle pourpoint.
Le visage de l’Inquisiteur se ferma, il se tourna vers un de ses gardes et lui demanda de lui apporter un document.
- Capitana Majore… Vous souvenez-vous du mystérieux météore qui s’est crashé il y a une quarantaine d’années à l’Est des chaînes montagneuses de Karadhras ?
- J’ai eu vent de cet évènement, oui.
- Alors soyez attentif. Ce météore était en réalité un vaisseau extra-terrestre occupé par des créatures jusque là inconnues. Nos radars spatiaux ne l’avaient pas détecté, c’est la raison pour laquelle nous n’avons pas été en mesure de le détruire ou de le détourner de sa trajectoire. Les Pirates qui vivaient sur les lieux ont été peu à peu décimé par les créatures aux formes rappelant celles de monstres plus antiques, ptérodactyles ou dragons, c’est selon. Ces monstres ont peu à peu réussi à endoctriner puis détourner les pirates de l’Est des Sept Commandements et de la Patrie, se vouant peu à peu au culte des Dieux Dragons. L’Inquisition est parvenue à faire état de la situation dès les premiers mois qui ont suivi le crash. Kadar n’a pas eu le réflexe d’ordonner un Exterminato Sectorius, la corruption s’est propagée plus vite que prévue, je préconise personnellement un Exterminato Planetaria.
- Vous voudriez… Détruire cette planète ? Mais nous ne sommes pas encore en mesure d’assurer notre survie dans l’espace, Inquisiteur, lui rappelai-je. C’est une folie, nous pouvons combattre.
Le garde revint et confia le document à Nakeesh. Je devinais qu’il s’agissait d’un rapport.
- Lisez ceci, Capitana Majore.
… Rapport du Commandant Güran… N°7-15P-117... Secteur Zeta… Capitale de Pericön…
La situation est plus préoccupante que nous ne l’aurions imaginé, les forces de l’ennemi augmente à mesure que les monstres progressent vers nous. Ce qui n’est pas consumer par la guerre l’est par la corruption des âmes et des cœurs. Nous sommes impuissants face à la puissance d’un adversaire jusque là longtemps demeuré dans les confins de l’espace.
On m’a confié la tâche honorable mais irréalisable d’endiguer l’Insurrection, mais au rythme où les choses vont, mes hommes se détourneront des principes fondamentaux, se détourneront du commandement du Général Kadar… Moi-même je ne suis pas en mesure de garantir ma fidélité aux Sept Commandements… La folie gagne certain de mes plus braves soldats, ils ne peuvent pas lutter, ils se sentent submergés par des émotions belliqueuses et anarchistes. Je n’ais plus la maitrise de leurs actions…
J’en implore à l’Inquisition d’exiger auprès du Général Kadar un Exterminato Sectorius, qui me semble la solution la plus sage si nous voulons maitriser cette corruption. Il n’est nulle armée qui soit en mesure d’endiguer une telle force, nulle armée ne peut lutter contre la peur.
… Fin du rapport…
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Partie 1 : La mission Prométhée
Fin du chapitre 4
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