Chroniques d'un Pirate de l'espace
Partie 1 : La mission Prométhée

Chapitre V : Luttes

   Je quittai le vaisseau de l’Inquisiteur quelques minutes plus tard, avec plusieurs sentiments, colère, peur et incompréhension… Les mots du commandant s’affichaient dans ma tête, corruption… Une corruption des âmes. Ses termes m’avaient largement intrigués, après avoir vu des milliers de fidèles se rassembler, je prenais davantage conscience de l’ampleur de ce qui semblait être un endoctrinement massif dû à la peur. La peur des « Dieux dragons ».
   Et le commandant avait raison, aucune armée ne peut lutter contre une peur manifeste, incarnée par des créatures bien réelles contre lesquelles toute lutte semblait vaine. J’avais cependant à cœur de démontrer que rien n’est immortel et invincible. J’avais à cœur de prouver que les Myrmidons étaient au-dessus de ces aliens.
   Nous ne perdîmes pas davantage de temps et nous dirigeâmes, avec l’escorte de l’Inquisiteur Nakeesh, vers le Nord. J’étais monté dans le véhicule dans lequel était soigné Mamen O’ri, accompagnait de ses légionnaires. L’apothicaire n’avait pas une mine rassurante.
   - Capitana Majore… Ses blessures ont été pansées mais pour ce qui est des infections… Je n’ai rien pu faire d’autre, je lui administre des anticorps supplémentaires en espérant que cela fonctionne, sans garantie, Capitana.
   - Vous avez fait de votre mieux, apothicaire, nous devons désormais nous en remettre à l’espoir de guérison.
   Il acquiesça et sortit du bloc. Mamen ouvrit les yeux, son armure lui avait été entièrement retiré, laissant à la vue ses impressionnantes blessures de guerre et ses muscles encore épais malgré notre longue captivité.
   - Je me sens prêt, Capitana Majore, dit-il d’une voix faible.
   - Repose-toi, frère. Nous aurons bientôt l’occasion de reprendre les armes.

   Les véhicules de la Légion CVII progressaient rapidement, nous n’étions plus qu’à quelques kilomètres de notre objectif. La nuit tombait sur les plaines désertiques, une nuit étonnamment claire, et froide. Notre vaisseau avait pris la tête de la colonne, tourelles prêtes à faire feu. Je pénétrais dans la cabine des pilotes.
   - Combien de temps avant contact ?
   - Quelques minutes Capitana Majore.
   Nous vîmes au loin les intenses lumières des tours de garde du Haut Commandement, l’une d’entre elle était… En feu.
   - Ils sont déjà là, accélérez pilote !
   Je retournais sur le pont du vaisseau, les rampes s’abaissèrent, les Myrmidons et quelques légionnaires de la CVII se tenaient prêts.
   - Frappez fort !
   Notre vaisseau fut touché par plusieurs tirs de tourelles ennemies. Pris de vitesse, les pilotes n’avaient pas pu amorcer la phase d’atterrissage et le vaisseau s’écrasa sur l’avant. Nous parvînmes à nous extirper du vaisseau et à nous rendre au cœur de la bataille. Les insurgés avaient déjà commencé à s’attaquer à la porte principale, seul accès pour atteindre la ville, et le Haut Commandement.
   Les autres véhicules purent se poser sans dommage et déversaient légionnaires et Myrmidons sur les hordes renégates.
   - S’han, V’hon, avec moi !
   Nous nous avançâmes vers l’insurrection, sous le feu de tirs nourris mais néanmoins protégés par nos boucliers. La riposte scinda les rangs ennemis en deux, nous nous engouffrâmes dans la brèche et repoussâmes les renégats sur la Légion CVII.
   D’autres ennemis affluaient de l’Ouest, transportés par des véhicules similaires aux nôtres, mais nous pûmes reprendre la porte principale avant leur arrivée, nous-mêmes aidés par l’arrivée d’autres légions. La bataille était lancée.
   Mamen O’ri sortit à son tour du vaisseau qui avait commençait à s’embraser, équiper de son armure, il se joignit à nous, se frayant un chemin dans les rangs alliés.
   - Nous devrions demander assistance des autres majeurs, Capitana Majore, suggéra S’han.
   - Envoyez quelqu’un.
   S’han fit ouvrir les portes et s’infiltra dans la ville avec une dizaine de légionnaires. Nous l’attentions devant l’entrée, luttant contre l’insurrection qui ne cessait de recevoir des renforts.
   - Capitana Majore, nous devons les repousser dans les plaines, nous aurons l’avantage du terrain et pourrons être appuyés par l’artillerie lourde !
   J’ordonnai la formation de la colonne Myrmidon, les légionnaires formèrent une vaste ligne hermétique. Protégés par nos boucliers, nous avancions d’un pas sûr vers l’ennemi. Plusieurs renégats tentèrent de foncer sur nous, empalés par nos lances.
   - Continuez Myrmidons !
   Notre progression était lente mais linéaire, les rangs ennemis se disloquaient à mesure que nous marchions vers eux. La ligne se resserrait de plus en plus, les légions alliées profitaient de la désorganisation adverse pour attaquer de côtés.
   Une fois suffisamment repoussé, les Myrmidons dégainèrent leurs lames portatives et brisèrent les dernières résistances. Malgré leur supériorité numérique, les insurgés avaient été conduit là où nous le voulions et l’artillerie lourde se mit en marche et pulvérisa leurs rangs.
   Un petit groupe d’ennemis couru vers nous avec ce qui semblait être un dispositif explosif. Nous nous chargeâmes d’éliminer le porteur avant de nous mettre à distance. L’explosion souffla plusieurs soldats, alliés comme ennemi. Des gravats soulevés par le souffle retombés lourdement en emportant de nouvelles victimes.
   Nos lames s’entrechoquaient avec celles des insurgés, des tirs s’échangèrent, d’autres Myrmidons furent blessés. Mamen O’ri progressait sur le flanc gauche, lorsque nous fûmes surpris par un hurlement strident. Tous les soldats se mirent à l’arrêt. Les insurgés semblaient s’affoler, ceux que nous tenions en face de nous affichaient une mine terrifiée.
   Nous levâmes la tête lorsqu’un second cri traversa les plaines. Elle était là, la fameuse créature vénérait par les insurgés. Un immense ptérodactyle d’une envergure effrayante. Malgré la nuit, son ombre pesait sur l’infanterie, son immense gueule et ses yeux rouges feu ajoutaient à la bête un aspect démoniaque. Je ne doutais plus de l’immense pouvoir persuasif qu’un tel monstre avait pu avoir, et continuait d’avoir. Le monstre survolait le champs de bataille, chaque battement d’ailes soulevait une quantité impressionnante de poussière. Il se posa brutalement, écrasant plusieurs de ses soldats. Ses immenses pattes arrières étaient sans doute l’élément qui le confondait avec le dragon antique, ainsi que ses pattes avant qui s’apparentaient davantage à des bras, dotés de doigts griffus, au nombre de trois. Une immense queue venait parachever cette incroyable machine à tuer sortie tout droit des enfers. Cette créature atteignait aisément les six, peut-être huit mètres de longueur, avec une envergure que je n’avais pas essayé d’estimer…
   Le monstre s’avançait vers nous, rapidement, sa gueule grande ouverte.
   - Myrmidons, en formation !
   Le monstre balaya une partie de la ligne avec un puissant coup de pattes. Peregrim V’hon avait été projeté au sol. Je dégainais Némésis, resserra mon bouclier et fonça à mon tour vers le « dieu dragon ». Cette chose était massive, mais très rapidement, elle esquiva un premier coup d’un coup d’ailes rapide qui la souleva dans les airs. Un second lui fut portée sur le flanc. Je parvins à la toucher légèrement, un sang rouge pourpre s’échappa de sa blessure. Le monstre arracha mon bouclier avec l’aide de son immense gueule. J’empoignais avec davantage de force Némésis, d’un geste précis et diagonale, je touchais la patte gauche. La créature semblait davantage déstabilisée, les insurgés reprirent le combat tandis que le monstre essayait de fuir.
   - Myrmidons, tirez !
   Une salve de munitions transperça les épaisses écailles du dragon, la fine membrane de ses ailes avait été touché à plusieurs endroits. Un intense cri de douleur s’échappa du monstre. Je reprenais mon bouclier lorsque plusieurs ennemis m’entourèrent.
   - POUR LE CAPITANA MAJORE !
   Les portes de la ville s’ouvrirent à nouveau, les quatre autres Majeurs et leurs légionnaires en sortirent. Dans la confusion, je frappai trois renégats à l’estomac, le choc de la lame énergétique les projeta au loin, profitant de la brèche ainsi ouverte, je pu rejoindre mes légionnaires. Le monstre avait été assaillis par les tirs de rayons, désormais cloués au sol, il s’employa à mettre en pièce les rangs de la légion CVII. De puissants coups de pattes et de queues envoyaient par dizaine ses soldats au tapis. Leurs os étaient fracassés et broyés par la force colossale du ptérodactyle. Un des soldats au sol avait dégainé sa lame cinétique, le monstre approcha sa gueule pour le dévorer, et fut surpris par le coup porté. L’incision était nette, la gorge du monstre avait été tranché, son sang commençait à maculer le sol. L’immense bête s’effondra lourdement sur son assassin, l’emportant dans son trépas. Les insurgés avaient pris un coup au moral, mais étaient loin d’abandonner le combat. Certains d’entre eux avaient sombré dans une folie sanguinaire, fonçant vers tout ce qui se tenait devant eux en agitant frénétiquement leurs lames.
   Dans un élan de férocité, l’ennemi était parvenu à renverser légèrement les rapports de force.

   Le monstre avait été tué, mais la bataille était loin d’être terminée.

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Fin du chapitre 5

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