Chroniques d'un Pirate de l'espace
Partie 1 : La mission Prométhée

Chapitre III : Piège

   A mesure que nous avancions l’obscurité gagnait du terrain, jusqu’à ce que nous fûmes contraints d’activer nos capteurs infrarouges. Je ressentais une pointe de peur dans mon cœur, l’inconnu m’a toujours effrayé, et je m’aventurais en terre hostile.
   - Qu’est-ce que les insurgés manigance ? Se demandait O’ri.
   - C’est peut-être un piège, et nous fonçons dedans, lui répondis-je. Ou pire encore.
   Nous étions tous peu à peu gagnés par la peur, malgré notre expérience. Nos capteurs furent soudainement brouillés par des ondes inconnues. Nous marchâmes dans les ténèbres, aucune lumière ne parvenait jusqu’ici.
   - Faites attention où vous mettez les pieds.
   Nous étions littéralement dévorés par l’obscurité, malgré les dorures de mon armure, je ne voyais plus mes bras ni même si mes pieds touchaient encore le sol. Plusieurs Myrmidons se bousculèrent et tombèrent, nous tâchions malgré tout de garder notre formation intacte.
   Ce couloir n’en finissait plus, plusieurs dizaines de minutes s’étaient écoulées depuis notre arrivée ici, le bruit des pas s’était estompé, nous semblions totalement seuls.
   - Nous ferions mieux de rebrousser chemin, Capitana Majore, me suggéra un des légionnaires.
   Je l’ignorai, nous nous étions enfoncés trop profondément dans les ténèbres pour abandonner maintenant, quoiqu’ils pouvaient nous en coûter, nous devions poursuivre la mission et briser l’insurrection dans ce secteur.
   Soudain, un bruit sourd retentit.
   - Je n’aime pas ça Capitana…. Je n’aime pas ça du tout, manifesta O’ri.
   - Gardez votre calme Myrmidon, quoique se soit, ne cédez pas à la panique.
   Le bruit retentissait à nouveau, il semblait plus proche. On aurait dit des cris, je n’aurai pas su dire, à cet instant, s’il s’agissait de cri de terreur ou d’autre chose… Nous poursuivions notre avancée, la lumière apparaissait à nouveau, une lumière chaude, celle d’un feu…
   - Mais qu’est-ce que…
   Le bruit devenait de plus en plus fort, je distinguais des voix, des cris, des râles puissants. Des prophètes se tenaient ici… « DESHI » « BASH SHARA », nous arrivâmes au cœur d’une immense salle parcourue par cette lumière intense, émanant des brasiers disséminés ça et là.
   - Capitana ?
   Je restais bouche bée. Des milliers de renégats se tenaient là, nous étions sur une sorte de balcon qui surplombait la salle. Impuissants.
   - Capitana Majore ? Que devons-nous faire ?!
   Tous se retournèrent vers nous, je retrouvai la même sensation désagréable que celle que j’avais eu lors de la cérémonie de Nominationis… Le monde entier nous fixait, nous étions des intrus, des soldats ennemis, des légionnaires Myrmidons, et nous les traquions tous, mais nous n’étions là qu’une centaine. Qu’était-il advenu des soldats que nous pourchassions ? Ils étaient probablement parmi tout ceux que nous avions sous les yeux.
   - Que vois-je… Une voix grave qui semblait surgir des murs se fit entendre. Des Myrmidons sont venus…
   Je reconnu l’intonation caractéristique des prophètes, ces anciens diplomates et autres sénateurs, corrompus par le pouvoir, et qui s’étaient à mesure du temps détourner de la Patrie. Ils vouaient leurs vies insolentes à la soumission aux « Dieux Dragons », un peuple légendaire qui, disaient-ils, nous briseraient tous si nous nous dressions contre eux. Une folie à laquelle le Général Kadar a décidé depuis une trentaine d’années de mettre un terme, tant le pouvoir des prophètes sur les esprits avaient pris de l’ampleur et décimer les rangs des Légions. Je décidai de prendre la parole :
   - Les Légions de la Patrie demandent que justice soit rendue aux victimes de votre hérésie, faux prophète. Ne vous mettez pas en travers de la justice, ne vous mettez pas en travers de la marche des Myrmidons !
   Une plateforme s’éleva depuis le bas de l’immense salle et arriva à notre hauteur.
   - Savez-vous qui je suis, Capitana Majore ?
   - Je sais où et comment votre procès se déroulera, peu importe votre identité, vous et vos sujets seront jugés selon nos lois.
   Des huées se firent entendre, le prophète m’adressait un rire narquois.
   - Capitana… Vos légionnaires, si talentueux soient-ils, ne pourront pas tous nous tuer, ici. Ici vous n’êtes que de braves pirates comme chacun de nous, vous n’êtes rien face aux Dieux. Que comptez-vous faire à présent ? Vous êtes venus ici avec l’intime conviction d’arrêter l’inéluctable, vous êtes pris au piège, Myrmidons.
   Je me tournais vers O’ri, S’han et V’hon vinrent à mes côtés. Je croisais le regard de S’han, et sentais la confiance qu’il m’adressait.
   - Jamais je ne me rendrai.
   Aussitôt avais-je prononcé ces mots, j’abattais le prophète avec mon arme. Très vite, l’ensemble des pirates présent commencèrent à dégainer les leurs. Nous profitâmes de leur désorganisation et de la cohue pour ressortir rapidement, prêt à nous battre avec l’aide des Légions qui étaient demeurés à l’extérieur.
   Jamais nous n’avions couru aussi rapidement, nous entendions une nouvelle fois les pas rapides de nos ennemis, plus nombreux et décidé à en découdre, les insurgés semblaient former une vague bruyante derrière nous. En quelques minutes nous nous retrouvions devant le bastion, à la lumière, lorsque nous constatâmes avec effroi que l’armée entière avait été terrassée. Les cadavres meurtris des trois légions jonchaient le sol maculé de sang.
   - Capitana, nous devons partir d’ici !
   - Trop tard S’han, lui répondis-je en lui montrant une vague de pirates insurgés qui sortaient de l’ombre du nuage radioactif.
   Cette fois-ci, c’est nous qui nous retrouvions pris en étau par un adversaire que nous avions jusqu’ici sous-estimé, nous étions piégés, sans aucune échappatoire possible. Nous étions vaincus.
   L’armée se resserra autour de nous, nous dûmes nous mettre à genoux. Chacun des légionnaires a été bâillonné, les yeux bandés, pieds et poings liés.
   Nous fûmes reconduits au cœur du bâtiment, il y faisait frais, le bruit caractéristique de l’ouverture et de la fermeture des cellules m’indiquais que nous allions être emprisonnés.
   Ce fut au tour de mon groupe d’être conduit dans sa geôle, nos chaines nous furent retirés, nos yeux découverts. Nous constatâmes avec stupeur que nous avions tous été écroués, mais que nous étions aussi tous en vie.
   J’ignorai de quelle manière nous allions nous sortir de là…

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Fin du chapitre 3

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