LA CREATION DU COSTUME DE PUISSANCE

Chapitre 5 : Déflagration

An 15K9, 3 juillet, 17H41.

    Sur le plateau des Glaces, un petit groupe de chozos se déplaçait. Charaz, toujours en tête, menait l'expédition vers le bas du plateau. Là-haut, ils avaient laissé leur frère, Aharon. Ils l'avaient enterré tant bien que mal, suivant le rite funéraire habituel, afin que sa famille et son esprit restent dignes, même après cette affreuse mort.
    Dans la vallée en contrebas, la tempête prévue s'était levée depuis un bon moment déjà. La troupe descendait dans la direction opposée à celle dont elle venait. En effet, le groupe devait en emprunter un ascenseur tout près, afin de se rendre dans les cavernes du Magmoor. Le groupe descendait donc le second flanc du plateau, quand soudain, ils furent atttaqués par un bombu à impulsion. Bien que petite, la créature se révéla agressive et, comme cet adversaire était insensible aux armes conventionnelles, ils durent prendre la fuite. Cependant, courir dans ces terrains enneigés et escarpés n'était pas simple, et dans sa fuite, Vart chuta, tombant tout au bas de la pente. Les autres se dépéchèrent de le rejoindre, pour se rendre compte qu'il s'était malheureusement cassé un bras dans la chute. L'expédition ne comptait plus que quatre chozos capables de défendre les autres.
    Cette mésaventure n'était pourtant pas bien grave, car les principaux dangers étaient passés. Il restait aux chozos à traverser une vallée, un raccourci pour regagner les Rives plus rapidement.
    Dans la vallée, la tempête sévissait. Les rafales de vent mêlées de neige frappaient les visages meurtris des aventuriers. Nakis, après une heure passée lutter contre le blizzard, s'effondra dans la neige molle. Il fut sauvé par les autres, qui avaient encore la force de le porter. Il se reveilla à l'abri dans une grotte, entouré de ses amis. La troupe put alors se remettre en marche. La pause n'ayant été que de courte durée, le périple restait très difficile. Le soulagement fut immense quand Charaz aperçut dans l'horizon blanc et trouble une tour de guet chozo. Là, les guetteurs permirent au groupe de se reposer plus longement. Mais il ne put s'éterniser ici, car la mission comportait encore une seconde phase. La tempête se calma peu à peu et les chozos purent rejoindre le tunnel sécurisé menant à l'ascenseur des cavernes du Magmoor. Charaz actionna la commande de l'ascenseur, une scène déjà vécue quelques heures avant, et la plate-forme s'engouffra dans la sol. Tout le monde s'était remis des émotions rencontrées dans la montagne, mais personne n'oubliait le drame qui s'y était joué. Désorais, la peur mêlée de colère avait pris le dessus sur le stress.
    La température ambiante avoisinait les 70°C, et les combinaisons thermiques supportaient à peine cette chaleur, ce qui faisaient souffrir un peu Charaz et ses compagnons. Leur but était donc de créer une pile plasma, nécessaire au fonctionnement du rayon de plasma. La troupe devait d'abord passer par la Mine Triballe, pour prélever le magma à la source, où il était le plus pur et le plus chaud, puis se rendre à l'Unité de Contrôle, où des chozos travaillant sur place mettraient au point la fameuse pile.
    Charaz ordonna donc la marche du groupe, pour aller vers la Mine. En chemin, ils durent se débarrasser de plusieurs triballes, qui défendaient ardemment leur territoire. La marche se déroula sans problème majeur, sans compter la chaleur, affaiblissant peu à peu les forces des chozos. Enfin, ils arrivèrent devant une porte que Charaz ouvrit.
    La Mine apparut dans toute sa splendeur devant les yeux du groupe. Les flots de magma bouillonnants donnaient un aspect infernal à la Mine. Les nombreuses cavités par lesquelles coulait le magma étaient innombrables. Soudain, Charaz sentit une chose qui approchait. Il tourna la tête sur la droite et vit un globe-flotteur qui flottait dans leur direction. Chacun savait que le méta-viprium contenu dans le corps de cet animal était mortel, et que le globe-flotteur pouvait le lacher à tout moment, ou même exploser.
    Charaz ordonna de reculer lentement, craignant une réaction agressive de l'animal. Soudain, la créature avança à toute vitesse et se projetta sur Ahroc. Il n'eut pas le temps de réagit et l'animal lui explosa à la figure. Tout le monde s'était jeté au sol pour éviter l'explosion. Une fois le nuage de gaz dissipé, les chozos découvrirent avec horreur le corps inanimé de leur compagnon par terre. Une dizaine de minutes plus tard, le pauvre Ahroc se réveilla peu à peu, découvrant avec stupeur que l'explosion mêlée au gaz l'avait rendu aveugle, du moins pour quelques jours, le temps de rentrer à la cité et de trouver un remède. Un infirme de plus dans le groupe signifiait que les valides devaient redoubler de prudence. On relia Vart à Ahroc, afin que le chozo puisse guider son compagnon aveugle.
    Après cet événement, Charaz décida de descendre seul dans la Mine, pour ne pas mettre le reste de son équipe en danger. Au cours de sa progression, il dû tuer plusieurs triballes pour avancer, ainsi que quelques globe-flotteurs agressifs. Finalement, il parvint à trouver une source pure de magma. Le flot visqueux et orangé coulait le long d'une paroi rocheuse au fond de la Mine, sortant d'un trou d'une dizaine de centimètres de diamètre. Ce flot minuscule n'alimentait qu'une petite mare en contrebas. Mais la grande pureté de la lave en fusion était parfaite pour créer le dernier rayon de l'Armure. Charaz sortit de son sac une fiole transparente et reluisante, qui était en réalité constituée de diamants, seul matériau pouvant supporter les températures infernales du magma.
    Le chozo s'approcha du flot de lave, en prenant appui sur un rocher. Soudain, celui-ci se déroba sous ses pieds, et Charaz se rattrapa de justesse à une corniche voisine, en regardant le bloc qui le soutenait encore quelques secondes auparavant s'enfoncer lentement dans la mare rougeâtre. Ayant retrouvé son équilibre, il remit pied à terre, et plaça prudemment la fiole sous le flot de magma, à l'aide d'une perche en titane, pour ne pas s'appocher de la matière brûlante. Une fois le récipient plein, il déposa un bouchon en diamant à son extrémité, avant de placer le tout dans une protection ignifugée, pour ne pas brûler le reste du sac.
    Charaz remonta, pour rejoindre ses compagnons. Dès qu'il l'aperçût, Nakis le fixa fermement et posa ainsi une question implicite. Charaz acquiessa d'un signe de tête et Nakis poussa un soupir de soulagement. Vart et Ahroc étant infirmes, il ne restait plus que Charaz, Nakis et Kajav pour assurer la défense du groupe, ce qui risquait d'être insuffisant, car il fallait encore passer par une zone dangereuse : un endroit infesté de Magmoors, créatures très agressives et cherchant le combat, combat qui se révélait souvent fatal pour l'opposant. Cela ne rassurait personne, chacun était conscient des risques encourus.
    La troupe avançait prudemment dans les méandres des cavernes. Il n'y eut pas d'incident jusqu'à l'Unité de Contrôle, alors que tous attendaient avec angoisse une attaque de Magmoors. Bizarrement, ces serpents de lave avaient déserté les zones qu'ils occupaient habituellement, ce qui n'était qu'à moitié rassurant. En effet, s'ils n'étaient pas là où ils se trouvaient d'habitude, ils seraient dans des endroits où on ne les attendait pas, et l'effet de surprise pouvait jouer un rôle décisif dans une bataille. C'est pourquoi ces animaux étaient réputés pour leur traitrise et leur cruauté, même s'ils leur arrivaient souvent de concevoir des pièges ingénieux.
    Enfin, après une demi-heure environ Kajav aperçu la haute tour métallique qui constituait l'Unité de Contrôle. La troupe eut besoin de montrer patte blanche pour accéder à l'Unité. Ils empruntèrent un pont en fer passant au-dessus d'une rivière de lave, puis ils montèrent sur une plate-forme élévatrice, qui les menait à l'abri des prédateurs, et près d'une ouverture à ciel ouvert, emmenant un air frais. En haut de la tour, deux chozos les accueillirent, Pak et Thej. Ces deux chercheurs avaient installé un laboratoire au sommet de la tourelle, dans lequel ils travaillaient tous les jours depuis plusieurs mois, la relève étant prévue dans une dizaine de jours. Seul cet endroit permettait de créer la pile plasma, car la température ambiante empêchait la solidification de la roche en fusion. Charaz confia la fiole en diamant aux deux chercheurs, qui partirent dans leur laboratoire sur le champ, aidé de Nakis, chercheur lui aussi. Pendant que les trois chozos préparaient la pile, les autres prirent le temps de se reposer, dans une pièce emmenagée au plus près de l'ouverture en haut de l'Unité, afin de disposer d'un lieu frais et habitable. Charaz put ainsi confectionner un plâtre de fortune à Vart, pour tenir son bras fracturé, pendant que Kajav découpait dans la protection ignifugée ayant acceuillie la fiole un rectangle assez large, qui allait permettre à Ahroc de protéger ses yeux de la chaleur, et ainsi d'avoir moins mal.
    Charaz, se sentant inutile, décida d'écourter son repos et rejoint les chercheurs. Pak le guida vers la salle de préparation, en lui expliquant le principe de la pile :
    - On ne peut la créer qu'ici, car nous devons piéger la température ambiante dans la pile. Cette pile est totalement hermétique et étanche, elle ne laisse entrer ni sortir le moindre degré. L'alliage la constituant est un mille-feuille composé de diverses couches thermques, retenant chacune une partie de la chaleur. Donc le magma présent à l'intérieur chauffe la pile, cette dernière lui retransmet aussitôt, et le cycle est bouclé ! Mais pour créer un rayon, il faut ajuster cette pile. Quel usage allez-vous en faire ?
    - Heu, le projet est tenu secret, je ne peux rien vous dire... dit Charaz, un peu gêné.
    - Je comprends, cela est sans importance. Mais si vous comptez transformer la pile en rayon, Thej et moi vous sommes inutiles... Nous ne savons pas du tout comment faire, et je doute que quelqu'un y arrive un jour... Le processus serait tellement compliqué...
    - Non, pas si compliqué qu'il n'y parait. En réalité, nous savons déjà comment faire. Nous allons placer une chambre de compression à l'avant de la pile, ainsi qu'un propulseur à impulsions, en créant une ouverture dans celle-ci. Une ouverture hermétique, bien entendu. L'air chauffé dans le magma, lors de l'ouverture de la pile, passe dans la chambre de compression, hermétique également. Cette chambre sera conçue de telle sorte qu'elle se rétrécisse au fur et à mesure que l'air entrera. Ainsi, la compression chauffera encore plus l'air, pour lui faie avoisiner une température de presque 5000°C, et cela en très peu de temps. Après cela, le propulseur entre en jeu. Il donne une impulsion telle que les molécules d'air comprimées sortent de la chambre à une vitesse dix fois supérieure à celle du son, ce qui fait que l'air se déplace pratiquement en ligne droite ! Toute cible touchée s'enflamme instantanément, l'air lui transmettant sa chaleur extrême. Après cela, l'air, ralenti, moins comprimé, reprend son état normal. Il ne subsiste aucune trace du rayon dévastateur... Du côté de la pile, après le tir, la chambre est vide de son air, et donc en dépression. Une nouvelle bouffée d'air chaud est alors aspirée dans la chambre, et le cycle recommence.
    Pak n'avait pas dit un mot durant tout le monologue de Charaz, ne perdant pas une miette de cette démonstration compliquée. Il fut tellement surpris par le procédé employé qu'il ne cherchait même pas à le comprendre, il savait que c'était parfait. Il ne dit rien, et ne prononça un mot que lorsqu'ils arrivèrent dans le laboratoire.
    Toutes les techniques employées sur l'Armure était novatrices. Bien sûr, certaines avaient déjà été testées et employées auparavant, mais en de rares occasions. Pour le reste, les chercheurs avaient travaillé jour et nuit pour trouver les solutions à tous leurs problèmes. Cela avait porté ses fruits, les résultats étonnaient parfois les chercherus eux-mêmes. Après cette construction, le peuple Chozo de Tallon IV aurait fait un bond de vingt ans en avant, si un astéroïde n'en avait pas décidé autrement.
    Il était maintenant presque minuit, et le périple de Charaz et sa troupe n'était pas fini. Avant de partir, Charaz récupéra la pile plasma, en remerciant Pak et Thej, qui avaient fait un travail remarquable. Il ne restait plus au groupe qu'à gagner l'ascenseur le plus proche, afin de fuir cet enfer brûlant pour retrouver leur douce cité. Mais le chemin était encore long et dangereux. Après avoir vérifié si tout était en ordre, Charaz ordonna de se remettre en marche. Le groupe quitta l'Unité de Contrôle, traversa plusieurs tunnels sans problème particulier. Ils furent attaqués par quelques grizbys, mais ils neutralisèrent ces piètres ennemis sans aucun mal, avant de repartir. Ce calme ne rassurait pas Charaz, qui continuait de craindre une attaque imminente des Magmoors. Mais aucun signe pour l'instant des créatures...
    Enfin, au bout d'une pérégrination de presque une heure, Charaz annonça fierement qu'ils touchaient au but. Il n'y avait plus qu'un lac de lave à passer et ils gagneraient l'ascenseur. La troupe passa la porte et pénétra dans la chambre, dans laquelle se trouvait un lac de magma assez large. Des stalactites rocheux pendaient au-dessus du liquide rougeâtre et bouillonnant qui occupait l'essetiel de la piève. La chaleur devenait difficilement supportable, et il fallait rapidement quitter les lieux. Les premiers chozos qui avaient traversé ces mare de lave avaient installé ingénieusement des plate-formes flottantes au-dessus du magma. Ce système comprenait un mini-réacteur qui propulsait la plaque vers le haut. Le poids du métal annulant la poussée très faible, la plate-forme flotte dans les airs. Mais si un poids trop lourd prend appui dessus, elle s'enfonce progressivement. Il ne fallait donc pas s'y attarder.
    Charaz indiqua le chemin à suivre. Il sauta de plate-forme en plate-forme, et les autres s'engagèrent à sa suite. Ils arrivèrent devant un mur dans la base duquel un tunnel avait été creusé. Les chozos durent donc passer en rampant dans le petit orifice. Et derrière cet obstacle minime, ils purent découvrir un fantastique spectacle. La deuxième partie du lac était encore plus étendue que la première, atteignant près de 30 mètres de long. La traversée se ferait avec des plate-formes encore une fois. De plus, à mi-chemin, les chozos avaient utilisé comme appui une plaque rocheuse, un abri qui ne s'enfoncerait pas dans la lave et qui pouvait être utilisé plus longtemps.
    Charaz recommença donc à gravir les plaques métalliques, avec toute la troupe à sa suite. Puis il prit pied sur le rocher à mi-parcours, et tous purent se reposer un cours instant.
    C'est à ce moment précis que ce que tout le monde redoutait arriva. Kajav fut le premier à apercevoir la lave se soulever en eux endroits bien distincts. Deux Magmoors jaillirent du magma en fusion en pousssant un cri qui résonna dans toute la grotte. Tous ouvrirent les yeux, stupéfaits, et c'est Nakis qui réagit le premier :
    << Courrez !!! Vite !!! >>
    Kajav prit ses jambes à son cou, en accompagnant les deux infirmes vers la porte, aussi vite qu'ils le pouvaient. Charaz resta avec Nakis, en armant son canon à accélération galvanique. Il vit un Magmoor se diriger vers Kajav, et pour couvrir la fuite de ses compagnons, il tira dans la tête de l'animal. La créature, seulement effleurée, abandonna la course pour revenir vers les deux chozos restant sur la plaque rocheuse. Les deux Magmoors crachèrent leurs flammes dévastatrices, et les chozos eurent juste le temps de sauter à terre pour éviter le soufle brûlant. Nakis roula et tomba dans le magma, mais il fut retenu de justesse par Charaz, puis remonté sur le rocher, évitant au dernier moment un coup de mâchoire de la part d'un Magmoor. Voyant que Kajav avait atteint la porte et qu'il quittait la pièce, Charaz ordonna à Nakis de fuir. Charaz couvrait l'échappée de son ami, en tirant sur les Magmoors, malheureusement invulnérables à cette arme. Quand Nakis fut sauvé à son tour, Charaz commença à courir tout en tirant par dessus son épaule, sautant de plate-forme en plate-forme. Presque arrivé au bout, il vit en se retournant qu'un Magmoor crachait une nouvelle fois son soufle de flammes. Il bondit alors depuis la plate-forme où il se trouvait pour éviter le feu arrivant vers lui, et finit par retomber devant la porte. Mais une pierre se déroba sous ses pieds, et il glissa dans la lave. S'accrochant au rebord, il dut laisser tomber son arme dans le flot de magma pour avoir la vie sauve. Remontant le plus vite possible, il ouvrit la porte avant de plonger dans l'ouverture. Elle se referma derrière lui, protégeant ainsi le groupe d'une dernière bouffée de flammes crachée par un des deux prédateurs. Sans mot, chacun reprenait sa respiration. Dix minutes s'écoulèrent avant que l'un d'eux ne se lève, actionne l'ascenseur près de lui, et invite les autres à partir de cet enfer.

Bidoman

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Fin du chapitre 5

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