MANIPULATIONS
Chapitre 1 : L'accident
- Tu as vu ? Tu as vu, Samus ? Regarde ce que tu as fait de lui !
Derrière lui, l'ombre imposante de Ridley bougeait dans
la pénombre. Samus entendait des chaînes frotter contre le mur. Ridley était
en train de hurler à la mort, il devait souffrir atrocement.
- Tu n'as donc aucune pitié ? reprit le pirate.
- Pourquoi aurais-je de la pitié pour celui qui a tué mes parents et qui
m'a causé tant d'ennuis dans le passé ?
- Ridley n'est pas celui que tu crois, Samus ! Tout comme Mother Brain, son
plus grand souhait est de...
Le pirate ne termina pas sa phrase tant le monstre
enchaîné derrière lui hurlait fort. Ridley, pataugeant dans son propre sang,
bougeait si violemment que le mur auquel étaient accrochées les chaînes qui
le retenaient céda. Ridley tomba alors de tout son long sur le sol, écrasant
au passage le pirate et Samus...
BOUM !!!
Ce bruit fit sursauter Samus. Elle ouvrit les yeux et
constata qu'elle était dans son lit. Ce n'était qu'un rêve. Pourtant,
l'étrange bruit qui l'avait réveillée ne semblait pas tout à fait venir de
son rêve... En réalité, il semblait provenir à la fois du rêve et de la
réalité. Un gros boum provoqué à la fois par la chute de Ridley et par...
par quoi au juste ?
Samus se leva rapidement et passa la main droite entre les
stores de sa fenêtre. En face d'elle, il n'y avait rien d'autre que des
lumières qui s'allumaient les unes après les autres et quelques personnes qui
couraient vers la gauche. Samus tourna alors la tête et aperçu de la fumée.
Il avait dû y avoir une explosion. Elle ouvrit la fenêtre et là, un vent
frais accompagné d'une odeur de brûlé fit voler ses longs cheveux blonds. La
jeune femme se pencha pour mieux regarder sur sa gauche et vit que le toit de
l'institut d'histoire était en train de partir en fumée. Des débris tombaient
sur le sol.
Du haut de son cinquantième étage, Samus avait une vue
presque directe sur le toit et s'aperçut rapidement que quelque chose
d'inhabituel en dépassait. Un objet métallique, probablement un vaisseau,
avait en réalité percuté le toit de l'institut. Un vaisseau... Ou peut-être
était-ce un missile, une bombe à retardement -les pires d'entre toutes- ou
pourquoi pas une cargaison d'acide ou de fumigène toxique ? Après tout, même
si Samus dormait paisiblement dans sa chambre quelques minutes auparavant, il ne
fallait pas oublier qu'elle était en guerre. Voir quelque chose tomber juste à
côté de chez elle n'était peut-être pas un simple hasard.
Ne pouvant réellement savoir de quoi il s'agissant à
cause de la fumée trop épaisse, Samus prit la décision d'enfiler ses bottes spatiales
et de sauter de sa fenêtre jusqu'au toit en feu. Elle s'habilla un peu,
histoire de ne pas sortir en petite tenue, et chaussa ses bottes. Elle aurait
aussi pu prendre son célèbre costume de puissance, mais ça l'aurait forcée
à aller le chercher là où il était caché. Et puis bon... Le sortir dès le
premier chapitre c'est pas terrible non plus.
Ainsi vêtue, Samus s'élança de sa fenêtre et atterrit
agilement sur une corniche de l'institut d'histoire, juste à côté du toit en
feu. Là, la chaleur était beaucoup plus haute, l'air était difficilement
respirable. Mais Samus avait déjà affronté des épreuves beaucoup plus
terribles. Elle s'engouffra dans les voûtes brasées du toit de ce vieil
immeuble à l'ancienne et s'approcha de la carcasse métallique qui était
entrée en collision avec lui. Une inscription figurait sur la longueur de
l'objet. Fort heureusement, ce n'était ni une bombe ni une toute autre arme.
C'était une navette spatiale uniplace de la fédération galactique qui portait
l'inscription "FEDERAL POLICE 23-VII" Samus, qui connaissait
parfaitement l'anatomie de ces engins, fonça sans réfléchir d'avantage à
l'avant de l'appareil pour secourir le conducteur.
A travers la vitre incassable, Samus aperçu un homme
d'une trentaine d'années penché vers le côté droit de l'appareil,
complètement immobile. Ses yeux étaient ouverts, du sang coulait de sa bouche,
de son nez, de ses oreilles et de ses yeux. Ce triste spectacle ralentit les
battements du cœur de la jeune Samus. Elle avait très souvent côtoyé la
mort, et à chaque fois, elle lui faisait le même effet. Elle eut l'impression
un instant que l'atmosphère s'était rafraîchie et que le temps s'était
arrêté, mais elle revint très vite à la réalité en voyant quelque chose
frapper violemment contre la vitre, depuis l'intérieur. Samus regarda, c'était
une petite entité volante, ronde de trente centimètres de diamètre,
translucide, laissant apparaître trois bulbes étrangement électriques... Un
métroïde.
Il semblait tout affolé à l'intérieur de son cockpit.
Samus le regardait avec une certaine compassion. Compte tenu du feu qui
entourait le vaisseau, il devait faire une température extrêmement chaude à
l'intérieur. Bien que les métroïdes soient assez peu craintifs des
changements de température, les extrêmes leur sont parfois mortels. Ce
métroïde ne semblait pas animé par la violence. Au contraire, à la vue de
Samus, il semblait plutôt calme. Ses trois bulbes prirent des allures d'yeux de
chien battu, comme si le métroïde fixait Samus avec un air de pitié. Il lui
demandait de l'aider à sortir de cette horreur. Mais Samus savait qu'elle ne
devait pas l'aider, ce serait une calamité pour les habitants de la planète
entière de voir un métroïde se balader librement dans les airs. C'est
cependant avec un certain remord que Samus laissa le métroïde mourir à
l'intérieur de la navette. Elle posa sa main contre la vitre et le métroïde,
avant de mourir éclaté, étouffé par la chaleur accumulée dans ce minuscule
cockpit de verre, sembla l'embrasser.
Tout le monde savait que les métroïdes n'aimaient que
ceux de leur espèce. Or depuis sa fusion avec l'ADN d'une larve de métroïde,
Samus pouvait, elle aussi, être considérée comme une représentante de
l'espèce métroïde.
Soudain, un liquide blanchâtre recouvrit Samus tout en rafraîchissant
l'atmosphère. Quelques mètres derrière, la soucoupe volante des pompiers
était arrivée et avait commencé à éteindre le feu. Samus réalisa à cet
instant que, malgré ce qui lui avait semblé, il ne s'était écoulé que
quelques secondes entre le moment où elle s'était lancée de sa fenêtre et
l'instant qui se déroulait alors sous ses yeux. Le contact avec la mort
semblait prolonger chaque seconde.
- Qui êtes-vous ? dit une voix métallique une fois le feu à peu près
éteint.
- Je suis une voisine ! répondit Samus. J'étais venue voir si je pouvais
faire quelque chose...
- C'est dangereux ! aboya la voix métallique.
A travers la fumée se dissipant peu à peu, Samus vit une
silhouette se dessiner et avancer vers elle. C'était l'un de ces soldats du
feu, armé d'une combinaison thermique à toute épreuve et d'une lance à incendie.
Il s'approcha de la jeune femme toute trempée et dit :
- C'est toi, Samus ?
Celle-ci ne répondit rien, fronça les sourcils, ne
souhaitant pas répondre avant de savoir à qui elle avait affaire. Le pompier
retira alors son casque après avoir décompressé l'intérieur de sa
combinaison -ce qui prenait somme toutes une bonne vingtaine de secondes- et
laissa apparaître son visage que Samus reconnut immédiatement :
- Eliot ? Tu es pompier, toi, maintenant ?
Akin
MANIPULATIONS
Fin du chapitre 1
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