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METROID UNLIMITED

Chapitre VI : la fin

    Depuis plusieurs jours déjà, Samus broyait du noir. Elle avait perdu goût à la vie, elle n’avait plus la hargne qui l’habitait autrefois. Chasseur de primes était un métier éreintant, épuisant, qui ne laissait personne intact. Samus, aussi forte soit-elle, n’échappait pas à la règle. Il arrivait un moment où l’envie de se poser définitivement, de se ranger, de rentrer dans le rang et de ne plus parcourir les planètes à la recherche de proies, se faisait cruellement sentir, sans pour autant que ce soit possible.
    Ce sentiment fort d’arrêter et de poser les armes est encore plus amplifié si vous avez une bonne raison de le faire, et que cette raison prend la forme… de quelqu’un d’autre.

    L’amour… Samus ne l’avait jamais éprouvé, trop occupé à se venger des Pirates, à traquer les criminels, à partir en mission pour sauver des innocents. Evidemment, elle y avait pensé souvent : que ferait-elle si jamais elle tombait sous le charme de quelqu’un ? Mais elle ne l’avait jamais vraiment envisagée comme une possibilité à part entière. Elle pensait que ce n’était pas possible à cause de ses nombreuses activités. Mais pourtant, c’était bien arrivé.
    Le pire qui puisse arriver quand votre métier vous interdit de vous attacher à quelqu’un mais que vous le faites quand même, c’est d’avoir ensuite un choix à faire entre l’amour ou le travail. Et Samus était justement placée dans ce cruel dilemme…

    Revenons une semaine en arrière. Entre deux missions de sauvetage, Samus s’était arrêté quelque temps sur la planète où elle habitait, pour se reposer et profiter un peu de son temps libre. Pas pour faire des mots croisés, plutôt pour voir du pays et profiter de cette planète qu’elle connaissait bien et qui était pourtant inconnue à ses yeux, puisqu’elle n’y venait que trop brièvement. L’envie de se poser se faisait déjà un peu ressentir, mais elle n’était pas spécialement triste et déprimée, et elle allait profiter de cette pause pour réfléchir un peu à l’avenir.
    Après une rude journée passée à marcher dans la nature, à escalader des rochers et à farfouiller dans les forêts (Samus avait le goût de l’effort et ne pouvait pas rester en place deux minutes), Samus décida de se rendre un peu en ville, pour voir du monde, pour rencontrer des gens et, secrètement, pour tester un peu sa célébrité.

    En ville, c’était la folie. Les gens couraient partout et tout le temps. Qui plus est, la nuit, les lumières et néons à perte de vue vous endommageaient plus la rétine que si vous regardiez directement le soleil. Samus n’était pas habituée, même si elle était déjà venue plusieurs fois.
    Dans la rue, beaucoup de personne se retournaient suite à son passage, certains parce qu’ils l’avaient reconnu, et d’autres parce qu’ils voyaient en elle une superbe créature, méritant que l’on s’arrête quelques secondes pour l’admirer. Mais qu’importe, elle s’en moquait un peu, tout en étant tout de même un peu gênée par cette notoriété.
    Elle décida de s’arrêter dans un petit bar sympa et pas trop bondé de monde, son oreille ayant été attirée par une musique qui lui avait bien plus. Au comptoir, les gens agglutinés la laissèrent passer volontiers quand ils la reconnurent, ce qui la flatta. Sans trop savoir ce qu’elle prenait, elle commanda un cocktail au nom bizarre qu’elle prononça difficilement en le lisant au fur et à mesure sur le panneau des boissons disponibles. Ce n’était pas trop fort, c’était même plutôt bon. Ce genre de petit plaisir inutile mais indispensable était trop rare dans sa vie, et un peu de mélancolie vint l’envahir, pendant qu’elle sirotait son verre, alors que les gens la regardaient du coin de l’œil dans le bar. Ils étaient à la fois impressionnés et surpris de voir que cette chasseuse que l’on disait redoutable était en fait une jolie jeune femme.

    Après une heure passée à discuter à droite et à gauche avec les clients, Samus sortit du bar, pour profiter de la nuit. Les rues étaient plus ou moins désertes, et on pouvait enfin voir les étoiles dans le ciel, chose impossible tant que les néons luisaient. Le ciel étoilé, c’était son univers. Elle le voyait rarement depuis une planète, mais était presque en permanence au milieu de cette voûte somptueuse. C’était son royaume, les étoiles étaient comme ses sœurs. Elle n’avait pas la prétention de toutes les connaître, mais beaucoup lui étaient familières. Certes, s’arrêter quelques temps sur un morceau de roche spatiale avait du bon, mais elle réalisa que sa vie était là-haut. Peut-être était-elle destinée à poursuivre ses voyages à l’infini, jusqu’à ce que la mort vienne mettre un terme à toutes ces pérégrinations. Peut-être…
    Marcher la tête en l’air dans la rue n’était jamais une bonne idée, même tard dans la nuit. Soudain, elle percuta violement quelqu’un et tomba en arrière. L’homme qui l’avait renversé était aussi gêné qu’elle, il l’aida à se relever.

    Quand Samus croisa son regard, tout le ciel étoilé se refléta dans ses yeux. Qu’est-ce qui s’était passé ? Elle voyageait mentalement dans l’espace, et un bon présage venait de la renverser. Il était mignon, ce présage, avec ses yeux bleus et ses cheveux bruns mal coiffés. Pas spécialement costaud, mais pas squelettique non plus.
    Lui non plus n’était pas resté insensible au charme de la belle blonde (qui ne le serait pas, en même temps ?). La seconde qui suivit sembla durer deux heures : impossible de regarder autre chose que les yeux de l’autre. Samus aurait voulu dire « excusez-moi, je dois partir » mais ni sa langue ni ses pieds n’en avaient envie.
    L’homme décida de briser ce silence qu’il aurait aimé prolonger, en s’excusant à nouveau, et en bredouillant un joli compliment pour Samus, qui rougit et renvoya l’ascenseur à son beau chevalier. C’était l’amour parfait, mais il était un peu trop tôt pour en parler à l’autre.
    Ils décidèrent d’aller boire un verre pour discuter un peu, et Samus emmena donc sa nouvelle rencontre dans le bar où elle était passée auparavant. Elle lui conseilla le cocktail qu’elle avait pris, et en commanda un autre, pour essayer quelque chose de différent. Les deux tourtereaux échangèrent des banalités, mais ce n’était pas facile pour Samus, puisque rien dans sa vie n’était banal et similaire au reste des gens. L’homme était impressionné d’avoir Samus Aran en face de lui, et ne savait pas trop comment s’y prendre. Mais il s’en tira tout de même plutôt bien, et Samus sentait bien qu’il se passait quelque chose. Elle oublia tout ce qu’elle avait imaginé avant : finalement, se poser sur une planète et y rester pour vivre avec quelqu’un, n’était-ce pas mieux que de voyager dans l’espace et risquer sa vie au quotidien ? Elle avait mis assez d’argent de côté avec toutes ses primes pour une autre vie, alors pourquoi ne pas arrêter ? Ce ne sont pas les chasseurs de primes qui manquent dans l’univers, et la Fédération se passera aisément de ses services. Oui, décidément, cette idée était aussi séduisante que la personne qui en était à l’origine.

    Mine de rien, les heures passèrent, et les deux amoureux marchèrent un peu dans la rue, avant finalement de tout se dire, dans les bras l’un de l’autre. Malheureusement, le fringuant jeune homme dut se séparer de sa douce, car il devait se lever tôt le matin, et qu’il avait beaucoup de travail. Mais avant de laisser Samus, il promit de la rappeler le lendemain dès que possible, et prit ses coordonnées, en disant que s’il ne la re-contactait pas, il ne méritait plus de vivre, ce qui fit rire Samus et la mit en confiance. Elle rentra se coucher le cœur léger et pourtant si lourd…

    Le lendemain, elle se réveilla plus tôt que d’habitude, toute excitée. Elle alluma son ordinateur : un nouveau message. Elle espérait fortement que ce soit son cher et tendre, qui avait déjà eu le temps de la contacter. Mais non, c’était un tout autre message…
    Une annonce de la FG pour les chasseurs de primes… Samus n’avait même pas envie de la lire, plus préoccupée par la manière de rendre les armes que de les reprendre. Mais par acquis de conscience, elle jeta quand même un œil.
    L’annonce disait qu’un fugitif s’était enfuit d’un quartier de haute sécurité. Ce fuyard était très dangereux, car calculateur et manipulateur. Il avait tué plusieurs dizaines de civils dans diverses affaires : braquages, prises d’otages, etc. Il pouvait être armé, et l’ordre était simplement de le supprimer définitivement. Les premiers témoignages disaient qu’il avait été vu… sur la planète de Samus. Etrange…
    Puis suivait une photo du criminel. Samus poussa un cri d’effroi quand elle découvrit le visage de sa proie : c’était lui. Son prince charmant, c’était lui qui avait du sang sur les mains. Comment était-ce possible ? Samus n’arrivait pas à détacher ses yeux de l’écran : elle relut plusieurs fois l’annonce, pour chercher une quelconque erreur, mais il n’y en avait pas. Elle avait flirté avec un criminel, en était tombé amoureuse, et devait maintenant… le tuer.

    Samus fondit en larmes, pendant que des milliers de questions arrivèrent dans sa tête. Que faire ? Qui écouter ? Son instinct ou son cœur ? Devait-elle le tuer purement et simplement, ou bien refuser la mission, sachant que la FG enverrait quelqu’un d’autre ? Et d’abord, la veille, avait-il était sincère ? L’aimait-il autant qu’elle l’aimait ? L’avait-il mené en bateau en lui faisant les yeux doux ? Elle ne savait pas, elle ne savait plus, elle était complètement perdue au milieu de son flot de larmes.
    Non, elle n’avait pas le choix. Elle savait qu’elle devait faire son devoir. Elle avait été élevée dans ce sens, les Chozo lui avaient toujours conférés des valeurs morales justes et implacables. Tuer un être aimé était certes un acte affreux, mais protéger un tueur sanguinaire semblait encore pire. Sa décision était prise : il n’était pas temps de rendre les armes, il fallait y aller, et ne pas attendre que la plaie s’ouvre un peu plus. Bientôt, tout ceci serait fini.

    Un autre message arriva dans la journée. C’était lui. Il donna rendez-vous à Samus dans l’après-midi, et elle lui répondit qu’elle était d’accord, tout en tremblant sur son clavier d’ordinateur.
    A l’heure du rendez-vous, elle se rendit au point de rencontre, le cœur encore plus lourd que la veille et l’esprit toujours torturé par des questions sans réponses. Il était toujours temps de fuir avec lui, mais elle ne pouvait pas vivre à côté d’un criminel.
    Lorsqu’elle le vit, elle ressentit comme un coup de couteau en pleine gorge : c’était affreux, un vrai supplice. Aller le voir et le descendre, n’était-ce pas pire que de tuer des gens innocents lors d’un braquage ?
    Lui avait les traits tirés, et ne souriait pas. Il semblait s’attendre à quelque chose. Il s’approcha, lui glissa quelques mots à l’oreille. Il savait qu’elle était chasseuse de primes et qu’elle avait des obligations. Il savait qu’elle savait. Et il était résigné… Il conclut en disant que malgré tout, il était vraiment tombé sous son charme. Après avoir dit ses mots, il ferma les yeux et baissa la tête, semblant attendre le coup final.
    Samus était horrifié : c’était maintenant une exécution pure et dure. Comme si elle devait couper elle-même un de ses membres qui serait gangrené. Une chose impossible sans anesthésie.
    Malgré tout, elle n’avait pas le choix. Elle n’avait pas envie de lui infliger une mort lente et lâche, par le poison par exemple. Mais le tuer de sang-froid dans ce jardin public, c’était au-dessus de ses forces. Pourtant, elle prit son courage à deux mains et sortit un pistolet, une arme qu’elle n’avait plus utilisée depuis qu’elle était sortie des écoles de la FG, mais qu’elle avait gardée en souvenir. Elle pointa le canon sur la tempe de son cher criminel, en tremblant et en pleurant.

    Puis elle tira. Et sa propre vie s’arrêta.

    Depuis une semaine, elle avait donc perdu toute envie de vivre. Sa conscience professionnelle était désormais propre, mais sa conscience personnelle était brisée, piétinée, irrécupérable. La seule personne pour qui elle avait éprouvé des sentiments était morte sous ses propres coups.

    Cette nuit-là, Samus sortit de chez elle. La nuit, la faible luminosité ne lui faisait pas mal aux yeux, car depuis ces derniers jours, ses yeux, en permanence baignés de larmes, avaient été grandement fragilisés. Elle scruta les étoiles, allongée dans l’herbe. Finalement, se poser et arrêter ce travail n’était vraiment pas une bonne idée. Mais après cette expérience, elle ne pourrait plus jamais tuer quelqu’un de sang-froid comme elle l’avait fait. Cette blessure ne se refermerait sans doute jamais.
    Alors que faire maintenant ? Elle ne savait pas, mais elle savait que sa vie était dans les étoiles. Les étoiles ne la trahiraient jamais, elle pouvait toujours s’en servir de repère car elle savait toujours où elles se trouvaient, comme les planètes qui leur servaient de partenaires, des partenaires qui seraient eux aussi inévitablement tués lors de la mort de l’étoile. Son destin était proche de celui d’une étoile.
    Elle se leva et se rendit alors à son vaisseau. Sans prendre aucune provision, elle décolla et quitta cette planète en laissant tout son passé derrière elle. Chasseuse de primes : plus jamais ça. Elle devait tourner la page. Quant au contenu de la page suivante, elle laisserait la providence le rédiger à sa place.

Bidoman

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Fin du chapitre 6

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Un remake de Metroid Prime, enfin ! Vous en pensez quoi ?

Je prends direct ! Toute mon enfance en HD !

Je n'étais pas né à l'époque, quelle aubaine de pouvoir enfin le faire !

Très peu pour moi, j'attendais la trilogie d'un coup...

Bof, je l'ai déjà trop fait, je passe...

J'ai tout claqué dans les remakes HD de Crash Bandicoot :(


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