METROID UNLIMITED

Chapitre V : la moustache

    Aujourd’hui, le ciel était bleu sur Tallon IV. Ce n’était pas courant, car la pluie tombait presque en permanence dans les canyons luxuriants de la planète. Mais aujourd’hui, ce n’était pas le cas.
    Samus était revenue sur Tallon presque par hasard, parce qu’elle passait non loin. Elle voulait voir comment la vie reprenait son cours maintenant qu’elle avait débarrassé l’écosystème du poison qui le dévorait : le Phazon.

    Au premier abord, tout allait pour le mieux. Les plantes n’essayaient plus de la manger, et les bestioles vivant là étaient bien moins agressives et imposantes qu’avant. Pourtant, elle sentait que quelque chose clochait, quelque part…
    Elle se rendit dans les anciennes mines des Pirates, que les Métroïdes avaient colonisés depuis la fin de l’extraction du minerai. Et la découverte qu’elle y fit la bouleversa.
    En effet, le premier Métroïde qu’elle rencontra… portait la moustache. Pensant d’abord à une perte de rasoir, elle écarta cette piste rapidement, puisque les Métroïdes n’ont aucun poil sur le caillou.
    Quelqu’un ou quelque chose avait donc encore une fois modifié le génome de ces foutues bestioles, qui étaient quand même toujours les victimes malgré leur puissance.

    Samus approcha doucement le Métroïde après l’avoir tué, pour regarder de plus près cette mystérieuse pilosité impromptue (prenez un dictionnaire, le langage se corse). Contre toute attente, les poils étaient directement implantés dans l’épiderme des Métroïdes, et n’avaient pas été fixés grâce à un adhésif quelconque qu’un palefrenier aurait pu acheter à la supérette du coin. Non, les extensions kératinisées qui formaient cette moustache sous-jacente à la couleur glauque faisaient bel et bien corps avec la créature gélatineusement verdâtre qui gisait de tout son long sur un parterre de magnolias (vous pouvez ranger le dictionnaire, le paragraphe est fini).

    Samus avait un nouveau mystère sur les bras, mais elle était musclée et allait le relever. Elle saisit le mystère, le plia et le rangea dans sa poche. Puis elle partit par-ci par-là, pour voir si les coupables n’avaient pas laissé un indice quelque part, ou mieux, une lettre indiquant leurs coordonnées actuelles et le mot de passe nécessaire pour pénétrer leur base cachée.
    Mais non, Samus ne remarqua rien de suspect, si ce n’est que tous les Métroïdes de la zone semblaient avoir développé la même moustache ridicule. Le phénomène était alarmant, et l’heure était grave (elle venait de muer, puberté oblige). Il fallait à tout prix arrêter ça, avant qu’elle ne développe elle-même une moustache !

    Samus explora un peu la zone, puis entreprit une descente plus en profondeur dans les mines. Elle découvrit presque par hasard une nouvelle pièce à conviction (en fait, c’était la première, mais l’auteur a dû mal à compter au-delà de 1) : une pièce. Une simple pièce, dorée, portant une étoile et qui faisait « ding » quand on la laissait tomber. C’était maigre, mais c’était bel et bien un indice, car ce genre de pièce n’avait pas cours dans cette galaxie. D’ailleurs, l’argent sous forme de pièces ou de billets avait disparu depuis longtemps. Le criminel venait de loin, peut-être même fabriquait-il lui-même sa monnaie. Un perruquier ? Un banquier ? Un perruquier-banquier ??? Le doute planait, et Samus ne pouvait que se mettre de nouveau en route pour trouver de quoi étayer sa quête de vérité.

    Traquer un ennemi sans savoir de qui il s’agit, où il se cache et même s’il est encore dans les parages est une mission très difficile, voire impossible. Mais Samus ne se dégonfla pas (sa chambre à air était en parfait état).
    Poursuivant sa quête, elle se rendit dans les cavernes du Magmoor, après avoir passé au peigne fin toutes les moustaches dans les mines. Et là, ce fut le drame : Samus découvrit avec effroi que les Magmoors, comme les Métroïdes, avaient développé eux aussi cette même moustache pitoyable ! Notons au passage que les Magmoors ne la gardaient pas longtemps, puisque leur bain de lave permanent faisait fondre cette courte étendue de poils. Mais une fois la tête à l’air libre, la moustache repoussait.
    Pas de doute, quelqu’un essayait de transformer cette planète en repère de moustachus. Une manipulation génétique semblait à écarter des hypothèses, car elle nécessitait trop de temps et de moyens. La chasseuse de primes pensait plutôt à un produit toxique qui faisait pousser des moustaches un peu partout.
    Ce n’est que lorsqu’elle découvrit un caillou portant la moustache que cette théorie put être confirmée. Des éclats de verre aux alentours confirmaient que le criminel en question avait échappé un flacon ici et que le produit s’était répandu sur un caillou, qui portait maintenant une moustache très saillante. Oui, la moustache sur un caillou, ça va mieux que sur n’importe qui d’autre. Le caillou put donc développer une vie sociale sereine et reprendre en main le cours de son existence.

    De son côté, Samus se rendit compte que le sol portait parfois quelques touffes de poils, ici ou là. Tout semblait indiquer que le criminel avait perdu quelques gouttes du précieux produit. Un peu plus, et le sol rocheux devenait moquette.
    Sans le savoir, le terrible truand sanguinaire qui avait sans doute assassiné toute sa famille et mangé son chien (ou pas) avait laissé une piste fiable à Samus, qui se contenta de suivre les touffes pour arriver à un endroit mystérieux : le Cratère d’Impact…

    Le souvenir de son combat mémorable contre Meta Ridley, puis ensuite contre le Métroïde Prime, donnait des frissons à Samus. Non, en fait, c’est parce qu’il faisait un peu frais. Après avoir mis un pull, elle fit appel à son vaisseau pour atteindre le fond du gouffre (puisque l’ascenseur Chozo n’était plus en service, à cause des feignants qui étaient sensés l’entretenir mais qui étaient trop occupés à boire de la bière et regarder du foot pour s’occuper d’un foutu ascenseur).
    Ca y est, le fond du trou était en vue. Samus se posa, mit pied à terre. Mais au lieu de provoquer un bruit rocheux, comme on aurait pu l’attendre, le bruit de ses pas fut sourd et encaissé. Tout le sol était recouvert de poils, des poils qui atteignaient parfois les 5 cm ! Une vraie moquette. Progresser dans cette jungle poilaire (???) n’allait pas être de tout repos.
    Samus tenta bien de faire fondre cette moquette au lance-flammes, mais rien n’y faisait : les multiples moustaches repoussaient illico, sans attendre. Il lui fallait avancer, mais maintenant, les poils, devenus agressifs (peut-être à cause du Phazon), essayaient de l’attraper, en s’enroulant autour de ses pieds. Ce n’était pas une armée de moustaches qui allait arrêter la grande Samus Aran : elle avança progressivement pour pénétrer dans le cœur même du cratère d’impact.

    De nouveau, elle frissonna en pénétrant dans ce lieu mystique, où elle avait dû affronter un de ses plus redoutables adversaires. Elle mit donc une écharpe avant de continuer sa route.
    Débouchant dans l’immense salle où se répandait jadis un poison rouge, elle rencontra quelques Fissio-Métroïdes, comme autrefois. A ceci près qu’ils portaient eux aussi la moustache. Et, chose étonnante, quand ils se dédoublaient, les deux clones pouvaient avoir des moustaches de couleurs différentes ! C’est ainsi que Samus affronta un blond et un roux (qui bouclait, en plus) l’un à la suite de l’autre.
    Une fois cet entraînement effectué, Samus monta comme elle put vers la sortie située en hauteur dans la pièce. Elle atteint enfin la fameuse porte qui la séparait avant du Métroïde Prime… Maintenant, de quoi la séparait-elle ? Elle allait bientôt le savoir… Qui avait l’audace de faire pousser des moustaches ? Qui était assez fou et dérangé pour créer une lotion capillaire permettant de faire pousser des poils même sur des cailloux ??

    Samus entra, la peur au ventre mais bien décidée à en finir une fois pour toute. Là, dans l’immense salle, où pendait autrefois le Métroïde Prime, elle ne trouva qu’un petit bonhomme bizarre, de dos, assis devant un bureau surchargé d’éprouvettes contenant des mixtures douteuses. Samus approcha, le petit bonhomme se leva puis se tourna. Il mesurait environ 1 mètre 20 les bras levés, était plutôt bedonnant, portait une salopette et une casquette rouge, frappée d’un gros M de la même couleur. Enfin, comble du comble : il portait la moustache.
    Il interpella Samus :

    « - Tu dois te demander pourquoi nous nous rencontrons, n’est-ce pas ? dit-il d’un rire narquois.
    - Un peu, oui. Et surtout, pourquoi faire pousser ces moustaches ?
    - Ah ! Bonne question ! Je me nomme Mario, et je prisonnier depuis des années dans des séries de jeux débiles. J’ai craqué : je passais mon temps à sauver une princesse plus conne que ses pieds d’un monstre aussi intelligent qu’elle, et à mes heures perdues, j’étais forcé de faire du tennis ou du football, malgré mon physique ingrat ! C’était vraiment atroce, alors j’ai fui de mon univers, pour venir ici. Et j’ai trouvé le climat plutôt accueillant !
    - Mais pas assez poilu, on dirait…
    - Oui, en effet ! Entre les stages de danse et les sauvetages de cruche, j’ai eu le temps de monter un plan pour me venger, et d’inventer une lotion ultraperformante pour faire pousser la moustache. Ainsi, je vais coloniser tout ton univers et tout le monde aura une moustache de la même classe que moi ! Quel bonheur !
    - Si tu crois que je vais te laisser faire ! »

    Samus se jeta sur Mario en le canardant de tirs chargés (bouton A). Mario en renvoya certains avec une cape magique (bouton B), évita les autres et répliqua avec des boules de feu. Le combat faisait rage, et les deux protagonistes se rapprochaient dangereusement du bureau où trônaient des substances douteuses. Mario parvint à faire tomber Samus d’un croche-pied. La chasseuse se rattrapa de justesse et évita la chute (bouton R). Elle était proche du bureau, et vit soudain une fiole marquée d’une tête de mort. Discrètement, elle saisit la fiole, puis la lança brusquement vers Mario (bouton… heu, non, pas de bouton, en fait). Il ne put pas l’éviter, et se reçut la fiole en plein front. Aussitôt, il fut recouvert d’une couche de poils d’environ 1 mètre d’épaisseur… Apparemment, cette lotion était vraiment puissante.

    Samus fit rouler la boule de poils jusqu’à l’air libre, où elle chargea sa proie dans son vaisseau, pour l’emmener d’abord chez un coiffeur, puis vers les prisons galactiques de la Fédération du même nom. Quand Samus révéla à Mario qu’elle était blonde, comme sa cruche préférée, il devint fou et se suicida, en avalant un reste de lotion (je vous laisse imaginer les effets).
    Satisfaite, Samus reprit sa route à travers la galaxie, tout en restant quelque peu bouleversée par ce qu’elle avait vécue. En souvenir, elle conserva la drôle de pièce qu’elle avait trouvée, en se disant que si jamais elle retrouvait un petit bonhomme de ce genre sur sa route (dans un jeu vidéo ?), elle pourrait peut-être s’en servir…

    (Note de l’auteur : aucune explication concernant l’origine de ce chapitre, si ce n’est un jeu : Super Smash Bros.)

Bidoman

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Fin du chapitre 5

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