LES SECRETS DE DORMINE II

Chapitre deuxième : Le désert

    - Tout le monde est prêt ? Ouverture de la passerelle.

    Nous descendîmes de l’Anhur deux par deux et nous mîmes en formation. Il faisait nuit noire dehors. Nous allions être invisibles. Je sortis du groupe en compagnie de Johana Ivel, éclaireuse également. Nous fîmes donc le tour du vaisseau à l’affût du moindre signe suspect indiquant que les Pirates nous avaient repérés.

    - Ici Wassei, rien à signaler, Lieutenant-colonel.

    - Ici Ivel, rien à signaler également.

    - Bien reçu, rejoignez-nous au Céleste.

    Et comme Iwe nous l’avait ordonné - car c’était bel et bien un ordre - nous retournâmes au vaisseau. Là, nous nous mîmes en marche, Johana et moi en avant, gardant contact avec les 12 autres membres de l’équipe par radio, et guidant la troupe vers les rochers que le scan avait révélés. Ils se trouvaient à une dizaine de kilomètres de notre position, et c’était le seul endroit dans les environs - et nous savions que les Pirates y étaient - où il pouvait y avoir une base souterraine. Mes pieds s’enfonçaient dans le sable et cela rendait ma progression difficile. Je savais que nos coéquipiers en étaient également ralentis.

    Je sentis soudain le sol trembler sous moi. Je jetais un regard interrogateur à Johana, qui était à une dizaine de pas sur ma gauche. Elle me renvoya mon regard, se demandant également qu’est-ce qui venait de se passer. Je haussais les épaules, et nous reprîmes la marche, mais je n’avais pas fait 3 pas qu’une secousse me propulsait au sol. Je me retournai sur le dos. Nous étions encore trop loin de leur base pour que ce fussent les Pirates. Je n’eus pas le loisir de me poser d’avantage de questions qu’un gigantesque serpent, ou du moins c’est l’impression que j’en eus, sortait du sable à une dizaine de mètres de moi et replongea d’où il était sorti comme si ce fut de l’eau.

    - C.I.* je répète C.I. ! m’écriais-je dans ma radio.

    Personne ne répondit, mais je savais qu’ils se précipitaient vers notre position, à Johana et à moi. Pour sa part, elle avait déjà armé sa mitraillette – l’arme réglementaire de l’armée de la Fédération – et attendis impassiblement que la créature se montre. Il était évident, quand le reste du groupe nous rejoignit, qu’elle était partie.

    Nous reprîmes la route, plus circonspect, mais cette fois nous restâmes avec le groupe – j’avais été envoyé en avant avec Johana Ivel pour éviter les embuscades mais il apparaissait clairement que la base Pirate fusse assez bien gardée sans qu’ils risquent la vie des leurs en vaine patrouille. « Enfin, me dis-je, elles n’auraient pas été si ‘‘vaines’’, leurs patrouilles. » Nous croyions que rien ne pourrais vivre dans cette étendue désertique sujette à de violentes tempêtes, mais nous nous trompions. Il est d’ailleurs malheureux de constater que le scan n’avait révélé aucune trace de vie dans la région, ce qui était bien inhabituel, venant du scanner, de faire une aussi grosse erreur. Mais pouvait-on le blâmer dans le contexte actuel ? De toute façon, pouvait-on blâmer une machine ?

    C’est pourquoi je pris place dans le groupe. Nous marchâmes toutes la journée, et, le soir venu, nous approchions de l’ennemi. Je venais d’indiquer à Iwe que la base que nous cherchions était à quelques dunes de distance quand le sol se remis à trembler. Cette fois, il convient de dire que nous étions prêts tout en ne l’étant pas ; ce n’est pas un, mais 3 serpents qui jaillirent du sable. Ils possédaient un long corps sinueux, couvert d’écailles de tous les tons imaginables de jaune. Du poudre au presque brun, la couleur était faite pour se fondre dans le sable dans lequel ces sales bestioles vivaient. Pendant un instant, le temps sembla s’arrêter. Les serpents s’étaient élevés à plus de huit mètres du sol. Il y en eu un qui retombait à un pas de moi, sa tête plate, laide et noire, mais que je qualifierais de bien adaptée pour sa fonction, s’enfonçant sans effort dans son élément, et la secousse me jeta à la renverse. J’entendais les cris des autres qui se défendaient tantôt avec l’arme commune à tous les militaires, tantôt avec des armes d’assaut, et j’eus le plaisir de voir un obus - venant inévitablement de Serien, le « bazookanier » - exploser à la figure d’une des créatures alors qu’elle s’apprêtait à retomber sur nous. Ce qu’elle fit, mais elle ne s’enfonça pas dans le sable, mais resta à la surface, inerte, tel un poisson mort qui flotte sur les flots. Je ne perdis point de temps moi-même, bien qu’après plusieurs dizaines de coups tirés, il me fut évident que mon arme était d’un trop petit calibre pour blesser ces monstres. Mais mon opinion changea radicalement quand je touchai un œil. Le gigantesque serpent retomba sur moi et j’eus tout juste le temps de rouler sur moi-même. Il se tordit de douleur, mais avant que mes compagnons ou moi puissions faire quelque chose, il se tordit et rentra littéralement dans le sable et on ne le vit plus. Quant au troisième, il fut abattu comme le premier.

    *Créature inconnue

Feller

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Fin du chapitre 2

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