L'ENIGME RV7
Chapitre VII : la traque
Revenue à la surface, Samus regagna en vitesse son vaisseau qui était déjà recouvert par
une pellicule de neige assez conséquente, malgré le peu de temps qui s’était écoulé depuis son arrivée. Ridley
s’était donc trouvé ici, avant de tout détruire et de s’enfuir. On pouvait donc déjà dire que le dignitaire
qu’elle avait affrontée sur Ghysra avait menti sur le sort du reptile : il n’avait pas du tout été exécuté !
Pourquoi donc ce général avait menti ?
La question qui revenait également sans cesse dans la tête de Samus était : pourquoi avoir
fait cela ? C’était incompréhensible : Ridley était à la solde des Pirates depuis si longtemps… Il était
considéré comme un chef intouchable au sein des armées pirates.
Quand Mother Brain fut défait par Samus, Ridley se retrouva seul survivant du carnage de
Zebes. Enfin, pas exactement… Son code génétique ayant été archivé depuis longtemps, les quelques survivants
qui n’étaient pas sur Zebes lors de l’explosion de la planète n’eurent aucun mal à créer un clone du
ptérodactyle.
Mais si ce clone était identique à l’original, il ne possédait en aucun cas sa mémoire,
son caractère, son âme. C’étaient donc les Pirates qui avaient érigé ce clone tout frais en tant que chef
suprême de leur clan. Ce clone a donc peut-être décidé de vivre sa vie loin des Pirates, désormais…
Il y avait peut-être une autre explication possible… Si la mémoire originelle du reptile
pouvait être sauvegardée sous une forme quelconque, cela remettait en cause toute cette théorie. En effet,
le nouveau clone aurait ainsi reçu les mémoires de son défunt « père », et y a ajouté les siens. Et là, ce
serait Ridley lui-même qui se serait proclamer chef, sans aucun doute… Ce qui expliquait difficilement pourquoi
il avait détruit une base entière des pirates.
Samus ne savait plus quoi penser. Les deux hypothèses étaient possibles, mais aucune ne lui
semblait plus probable qu’une autre. Elle décida de ne pas s’éterniser en pensées inutiles, pour se consacrer à
traquer l’ennemi en fuite.
Elle disposait de très peu d’indices pour retrouver le ptérodactyle, pour ne pas dire aucun…
Le pirate avait dit avant de mourir que Ridley était resté sur Drobe, ce qui limitait un peu les recherches.
L’endroit idéal pour se cacher sur une planète couverte de glace et plongée dans une nuit permanente pouvait
être n’importe où !
Oui, mais un endroit était encore plus inaccessible et inhospitalier que les autres : les
montagnes. Les montagnes peuvent aisément cacher une base secrète, loin de tout. Drobe n’était pas si
montagneuse qu’on pourrait le croire, et le seul massif un peu élevé que Samus pouvait voir était situé à
seulement quelques dizaines de kilomètres de la base cachée.
Mais il fallait s’assurer que la proie était bien partie par là. Samus chercha donc des traces
quelconques de chaleur, que le corps chaud de l’animal aurait forcement laisser dans l’air ou au sol. Les
capteurs thermiques ne révélèrent rien de tel : le vent avait déjà balayé toute trace du passage du reptile.
En revanche, les détecteurs s’affolèrent quand Samus s’avisa d’analyser le massif montagneux qu’elle avait
aperçu : le rapport faisait état d’une chaleur anormale dans le cœur du massif, un pic situé trop près de la
surface pour être le fruit de l’activité interne de la planète. Là, il y avait enfin quelque chose de concret.
Aussitôt, Samus fit chauffer les moteurs (qui en avaient bien besoin), puis décolla
quelques minutes plus tard. Le voyage fut très court, mais Samus prit bien le temps de survoler la zone plusieurs
fois, en ayant bien sûr activé son bouclier furtif pour passer sous le nez des radars pouvant se trouver par là…
A priori, il n’y avait rien de particulier ici : de la neige, des glaciers, des pentes acérées et impraticables.
Pourtant, les capteurs thermiques étaient formels : quelque chose clochait sous cette montagne. D’autant plus que
la chaleur n’était pas répartie uniformément dans le sous-sol, mais formait des sortes de poches… Des salles
souterraines ? C’était probable. Pas de doute possible, Ridley était obligatoirement là.
Etrange tout de même… Il n’avait pas été bien loin. S’il avait dû creuser cette base
secrètement avec l’aide de soldats rebelles, il avait dû employer des moyens énormes pour assurer sa discrétion…
La base pirate dévastée était bien proche… Tout ceci intriguait Samus, mais elle se concentra sur son
atterrissage et sur la manière d’aller voir ce qui se tramait plus bas.
Bien vite, les détecteurs du vaisseau signalèrent à Samus que ce n’était pas un massif
montagneux ordinaire qu’elle survolait, mais un endroit protégé par des caméras infrarouges et des capteurs en
tout genre… Le doute n’était plus permis concernant la présence de Ridley là-dessous. Mais encore fallait-il
trouver un moyen d’entrer sans se faire remarquer… A priori, tous les systèmes de sécurité avaient l’air en
parfait état, isolés dans des alliages protecteurs et bien dissimulés dans le paysage. Mais une concentration
anormale de caméras à un endroit précis mit la puce à l’oreille de la chasseuse : un endroit aussi surveillé ne
pouvait être qu’une entrée.
Il s’agissait d’un recoin inaccessible, logé sous une dalle rocheuse horizontale, sur le flan
d’une des montagnes. Cette dalle rocheuse formait en plus de cela une entrée presque parfaite pour une base
souterraine.
Samus posa son vaisseau assez loin de l’endroit aperçu, loin de tout capteur adverse. Elle
marcha longtemps dans la neige, en prenant soin de se frayer un chemin entre les différentes protections
installées. Elle dut à contrecœur détruire quelques caméras et détecteurs de mouvement, afin de passer plus
facilement, en espérant que ces destructions passeraient inaperçues un maximum de temps aux yeux des Pirates.
Elle arriva tant bien que mal juste sur la dalle rocheuse. Bizarrement, tous les pièges
étaient installés sous cette dalle : il n’y avait rien au-dessus… Une grosse brèche pour une installation pirate,
des installations quasiment impénétrables en temps normal. Mais peut-être que Ridley avait eu à installer tout
ceci rapidement, et n’avait pas eu le temps de tout vérifier.
Samus observa longuement la position des caméras et capteurs, puis se lança : elle roula
sous la dalle en passant par un flanc, puis se faufila dans la neige pour découvrir que la plaque rocheuse
dissimulait une porte métallique bardée de capteurs. Samus détruisit quelques nouvelles caméras afin de sécuriser
l’accès à cette porte. Etrange : toujours aucune alarme malgré tous ces équipements installés…
Une fois devant la porte, bien à l’abri des regards, Samus fit sauter les différents verrous
électroniques et informatiques qui tenaient la porte close. Ladite porte pivota sur ces gonds lentement pour
laisser entrevoir un couloir creusé dans la roche et aménagé afin de le rendre plus accueillant. Des néons
pendaient du plafond, et l’ensemble était bien plus éclairé que le reste de la planète, toujours plongée dans
la nuit. Samus entra prudemment, puis referma la porte sans bruit. Elle ne pouvait plus reculer.
Le premier couloir était calme : pas de soldats ni de pièges. Il descendait en pente douce,
quand soudain, il se mit à tourner très franchement sur la droite et à descendre de façon beaucoup plus abrupte.
Un combat dans ce maigre corridor serait très dur à gérer, et Samus espérait ne pas avoir à s’y coller…
Mais pourtant, elle n’allait pas y échapper. Deux pirates arrivaient face à elle. Samus les
entendait discuter en remontant le couloir. Ne sachant trop que faire, elle prit appui sur une paroi et se
cacha dans les poutrelles métalliques soutenant le plafond. Elle vit alors passer les deux pirates juste en
dessous, n’ayant rien remarqué… Elle tenait là un avantage non négligeable : la hauteur.
L’un des pirates semblait être un scientifique, car il n’était pas armé. Il parlait avec un
soldat. Ce soldat fut stoppé net dans son discours par un tir puissant de rayon à ondes qui lui causa un
infarctus immédiat, son cœur n’ayant pas supporté la surtension. Le corps durci du soldat tomba comme une pierre
sur le sol dans un bruit sourd. Le scientifique n’avait rien compris mais était horrifié. Il n’eut pas le temps
de réagir que déjà Samus était devant lui, le tenant en joue de son canon mortel. Elle n’allait pas se priver
de l’interroger un peu avant de le descendre…
« - Parle, racaille, ou je te fais rejoindre ton copain… Qu’est-ce qui se trame, ici ?
- Heu… Je… Je ne sais pas vraiment…
- Fous-toi de moi… Tu aggraves ton cas.
- Non, je le jure… Ridley est là, il… il supervise des opérations secrètes, mais peu de
personnes sont dans le secret… Moi, je ne suis qu’un technicien…
- Hum… Et concernant le massacre de l’autre base, au milieu de la plaine ? Tu as des
infos ?
- Heu… Non. Je ne vois pas de quoi vous voulez parler…
- Dans ce cas, tu ne me sers plus à rien… »
Samus l’abattit sèchement d’un missile dans le crâne, à bout portant. Elle venait de se
dégoûter, mais les monstruosités qu’elle avait rencontrées au cours de cette mission étaient bien pires que ce
qu’elle venait de faire. Elle n’éprouvait plus beaucoup de sentiments : les Pirates étaient une race à détruire.
Il était inutile de chercher à savoir si certains valaient mieux que d’autres, car ils étaient élevés pour mentir
et tirer profit des faiblesses des autres. Ce peuple ne méritait pas de vivre, même avec les meilleures
intentions du monde.
Tout de même, elle se questionnait concernant tout ce qu’elle avait vécue jusque là. Les
témoignages pirates étaient contradictoires… D’abord, on lui avait dit que Ridley avait été exécuté, mais
finalement, il semblait être à la tête du projet de clonage. Et finalement, il avait anéanti une base sans
raison apparente… Tout était flou dans la tête de Samus, parce que trop d’éléments manquaient pour que cette
histoire soit limpide. En attendant, il fallait se remettre en route.
Ce qu’elle fit aussitôt. Le couloir continuait de s’enfoncer, pour finalement aboutir sur une
porte protégée par un verrou chiffré, verrou que le viseur d’analyses fit sauter vite fait. Derrière se trouvait
sans doute un laboratoire ou une salle de montage des clones, si elle en jugeait par le bruit ambiant très
désagréable. Ou peut-être allait-elle encore trouver une vision d’horreur… Quoi qu’il en soit, il était trop tard
pour reculer : la porte tournait lentement dans un crissement strident… Samus allait enfin savoir.
Bidoman
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Fin du chapitre 7
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